Le côté asiatique d'Istanbul et
particulièrement le quartier de Kadıköy est vraiment un coin que
j'apprécie beaucoup et qui plus est, me nourrit bien !
Et pour preuve : deux jours
de suite je fais la traversée (dont je ne me lasserai jamais) pour y
manger. Cette fois, ce 13.07.2013, je visite une institution,
reconnue internationalement et localement, le Çiya.
« Çiya » est en
réalité constitué par trois établissements, tous présents sur la
même rue dont le premier a ouvert en 1987. Deux de ces enseignes
sont spécialisées dans les Kebap-Lahmacun, le troisième « Sofra »,
est plutôt un restaurant de type lokanta, constitué de plats
préparés le jour-même, chauds et froids, et servis jusqu'à
épuisement.
C'est dans ce dernier
établissement que je me suis attablé. Il y a un côté cantine en
tout point : les cadre très simple, les tables accumulées sur
deux étages, les lumières assez crues, le bruit de la foule
essentiellement de locaux se pressant aux tables et devant les
buffets chaud et froid où l'on s'agglutine pour remplir son assiette
par soi-même ou en pointant le produit du doigt, sans toujours trop
savoir ce que l'on choisit.
Mais les ressemblances avec une
cantine s'arrêtent ici. Aux commandes des lieux, un certain Musa
Dağdeviren, natif de la région de Gaziantep, un homme qui depuis
ses 5 ans travaille dans le monde du goût en ayant débuté à cet
âge dans une boulangerie. Ayant enchaîné les expériences pour
ouvrir un, puis deux, puis trois restaurants, il est aujourd'hui un
chef à la renommée internationale et propose dans ses
établissements des mets traditionnels, variés et parfumés qui ne
peuvent que prouver que la cuisine turque ne se résume pas aux
kebabs et baklavas mais jouit d'une extrême richesse et diversité
entre les cultures et traditions des différentes cellules de
populations qui composent ce grand et beau pays ainsi que des
différentes influences des pays alentours.
Que l'expérience Çiya commence.
Ma table réservée m'attend avec une assiette remplie d'une Ramazan
pide succulente ainsi qu'une seconde assiette présentant deux
quartiers de citron, des olives et dattes.Concernant les plats, je
serai bien incapable de rentrer dans des commentaires détaillés et
exhaustifs, trop, trop de goûts, trop de couleurs, de sensations !
Je tâcherai toutefois d'en donner une idée.
Je suis d'abord mené à un buffet
froid, on me remet une assiette et on se sert un peu à l'aveuglette
de ce qui nous fait envie (ou alors, comme ce fut mon cas, on se
soumet à faire des choix déchirants tout en essayant de mettre un
peu de tout dans l'assiette). Le tout est ensuite pesé reporté sur
le ticket et on retourne s'installer à table pour déguster ses
entrées froides et tenter de trouver ce que l'on a sélectionné.
Dans mon assiette, des sarma (feuilles de vigne farcies) moelleuses
et parfumées, pas acides comme c'est si fréquent ; une pâte
de poivrons aux noix épaisse, un rien granuleuse et excellent ;
une salade d'aubergine crémeuse à la tomate pour une fois sans
yaourt mais de jolies épices, une salade de boulghour superbement
parfumé avec un peu de persil plat et une autre salade de boulghour
très fraîche, mêlée de yaourt excellent ; une tomate farcie
au riz dans laquelle il m'a semblé déceler des raisins secs et
pignons, savoureuse ; une salade de feuilles mêlée d'un
fromage type feta comme émietté et une superbe salade de romarin
très forte en goût mais succulente.
Une fois desservi, on est conduit
devant l'étal des mezzés chauds que l'on sélectionne à la portion
ou a la demi-portion. Je ne sais toujours pas vraiment ce que je
choisis, pointe trois mets du doigt en précisant « yarım
porsiyon » (une précision à ne jamais omettre pour ne pas se
retrouver avec des assiettes gigantesques sous le nez) et retourne
m'asseoir
en quelques minutes je suis servi : d'abord,
respectons les traditions avec une soupe. L'Ezogelin Çorbası, une
soupe de lentilles et boulghour longuement mijotée et riche en
épices, j'adore cette soupe présente en bouche, un poil farineuse
et délicieuse.
Puis l'Eksili Kebap, des boulettes
d'agneau haché grillées et mijotées dans une sauce un peu aigre
douce aux goûts dominants de tomate et grenade, avec des petits
oignons et morceaux de pide ; c'est succulent.
Enfin le Keskek,une étonnante et
délicieuse préparation de poulet émietté, mêlé à du boulghour
et oignons et épices douces (principalement cannelle à mon palais),
travaillé comme une pâte.
Bon j'ai fini mes assiettes...
mais impossible de m'arrêter là ! Un mets m'intriguait
particulièrement, une sorte de saucisse baignant dans une sauce
tomate... qui avait l'air si peu sexy que j'en avais envie... Le
Mumbar. Il s'agit d'une étonnante saucisse de boyaux farcie
essentiellement de boulghour et de riz, avec un peu de viande hachée,
de l'oignon et une fine présence d'épices. C'est assez mâcheux et
surprenant en bouche, moins gras qu'il n'y paraît et très bon,
baignant dans une sauce tomate épicée.
Au passage je teste les Içli
köfte, ces boulettes de viande en croûte de boulghour,
particulièrement bien travaillés, moelleux et épicés.
Bon, j'ai plus faim... mais même
les desserts sont très intéressants. Et vu que je suis incapable de
faire un choix, je demande un assortiment. Malheur à moi quand je
vois arriver deux assiettes qui s'avèrent savoureuses !
En vrac : une orange confite
excellente, d'étranges et étonnamment succulentes olives confites,
une noix confite entière, coque comprise, délicieuse mais
intrigante, un sablé dodu à la pistache, peu sucré et riche en
parfum de la drupe, nappé d'une crème épaisse (qui est sans doute
un lait épaissi) sucrée et parfumée à la cannelle.
Enfin, un
gâteau présentant un feuilletage de filo imbibé de lait dans
lequel se promène une belle quantité de noix et de grenade,
moelleux, gourmand et peu sucré.
Notons que l'enseigne est sans
alcool. J'y ai bu de l'eau deux bouteilles et un jus de baies maison
excellent. Je me suis vu offrir en fin de repas un çay et une tisane
aux herbes.
Le tout pour 82 TL. Cher
pensez-vous ? Dans un certain cens, oui pour ce type
d'établissement, mais du fait que j'ai mangé pour trois, on arrive
à quelque chose de beaucoup plus raisonnable et dans la norme pour
une personne qui ne serait pas un ogre à jeun depuis trois mois.
Pour des portions normales, au vu
de la qualité et de la diversité, les tarifs sont même plutôt
bas !
Çiya est une expérience à
vivre, et sans doute à revivre !
Çiya Sofrası Caferağa Mh., Güneşli Bahçe Sk No:43
Kadiköy, Istanbul
Région de Marmara, Turquie
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