mercredi 28 août 2013

Un repas à la maison : le chili!

L'autre jour, j'ai retrouvé dans mes fonds d'armoires une superbe cocotte en terre cuite d'origine espagnole ; un objet très traditionnel, d'origine ancienne et dont les premiers modèles sont le pain quotidien des archéologues mais également un outil de cuisine formidable dans lequel la répartition de la chaleur est excellente et qui permet de mijoter longuement des mets à l'étouffée, au four ou à feu doux.

Peu après m'est venue une furieuse envie d'acheter 8 kg de tomates à mon petit marché fermier local (en choisissant les plus fatiguées, molles et rouge sombre, bref l' invendable sur les étals mais que les marchands se font une joie de vendre à prix doux à qui recherche des tomates gorgées de soleil, fruitées et sucrés qui ont le seul défaut d'être trop molles pour en faire une salade) et d'en faire une sauce tomate. Après 48 heures d'abandon à feu doux, on dévoile le couvercle et on se réjouit de la première dégustation olfactive en remplissant ses petites pots tout propres.
 
J'avais envie, ce mercredi 28 août 2013, d'inaugurer ma production. Mais que faire ? Un bout d'bidoche sous la patte, quelques herbes, épices... on pense naturellement à une bo... nne potée de haricots rouges à la viande, plus communément appelé chili con carne : typiquement le genre de plats que j'adore, tout de goût, d'épice et de rassasiement, qui plus est facile a préparer et pouvant être fait en avance et laisser à buller tout doucement en attendant d'être dégusté, ce qui aura en plus un heureux impact sur le goût et la texture.

D'abord les haricots ! Je suis peu friand des boîtes aussi je les préfère secs. Je n'avais pas prévu le coup et n'en avais pas laissé à tremper la veille. Qu'à cela ne tienne, j'applique une technique simple de trempage express, que j'ai apprise tantôt : il s'agit de mettre les haricots directement à bouillir (départ de l'eau froide), laisser à fond durant 5 minutes, couper le feu et laisser refroidir : cette petite manipulation remplace le trempage et il ne reste plus qu'à réellement cuire les haricots. 

A côté, on prépare les ingrédients, ail, oignons, viande fraîchement hachée (maison si possible), poivrons, piment. J'ai ajouté encore une carotte dont j'aime bien le goût doux dans ce genre de préparations et qui plus est avait le profil parfait pour s'ajouter à ce plat.


Et on met tout cela à bondir, à tour de rôle, dans une poêle et on les transfère un à un dans la fameuse cocotte en terre cuite. J'ai fini avec la viande que j'ai déglacé au porto pour accrocher les saveurs et apporter une note sucrée.
On balance les haricots sur tout cela, la sauce tomate qui n'attendait que de sortir de son bocal, un peu de fond de viande (maison si possible, en poudre dilué à défaut), du cumin, du paprika (fumé, cela donne ce petit goût de reviens-y!) et encore un peu de piment en poudre et c'est partit, couvert au four et on laisse mijoter cela à chaleur douce (100-120 degrés) et on oublie jusqu'au moment de servir (cinq heures plus tard).








Le résultat : des saveurs qui ont eu le temps de faire connaissance et s'harmoniser, une viande moelleuse et encore juteuse, des légumes fondant, du piment qui dépote. Un peu de coriandre ciselée pour parfaire le tout et il n'y a plus qu'à servir, tel quel avec une grande salade, avec une bonne miche de pain ou du riz (comme un ragoût).






Si un bon rouge bien charpenté est sans doute le meilleur des accompagnements, je resterai à l'eau : boire seul, c'est pas mon truc et je me régale assez comme cela !






dimanche 25 août 2013

Un repas entre amis, 24.08.2013

Lorsqu'on possède une passion, je ne pense pas qu'il soit raisonnable d'attendre uniquement qu'elle soit nourrie par les autres, cela au propre comme au figuré.


Sans être tombé dans la marmite quand j'étais petit, je me suis mis aux fourneaux à mes vingt ans et trouve dans la cuisine une véritable pause dans l'intensité d'une journée. Un resto par flemme de cuisiner ? Très peu pour moi : et je ne parle même pas de tous ces symboles du culte de la malbouffe que représentent les fast-food ou les barquettes à balancer au micro-onde ; cela jamais plus, j'ai d'ailleurs banni l'appareil de la cuisine.


J'aime cuisiner, choisir mes produits, les découvrir, les comprendre et les travailler. Sans expérience inculquée par un apprentissage familial ou professionnel, je pars souvent d'un produit et d'une idée et cherche à atteindre un objectif plus ou moins établi à grands coups d'improvisation. Le résultat est majoritairement bon, parfois meilleur que d'habitude, mais jamais immangeable (ce qui, les premières fois, n'est pas forcément gagné). Côté dressage,c'est jamais top : entre manque d'organisation, de vaisselle et parfois d'adresse, ce n'est pas un domaine pour lequel je suis à mon avantage.

En parallèle, si j'ai assez tôt apprécié boire du vin, je n'ai commencé à véritablement le goûter et cherché à le comprendre qu'il y a peu.


J'ai encore beaucoup de route à faire, et les sentiers du goût sont infinis avec pour seule limite (autre que basiquement matérielle) l'imagination.


Mon objectif à travers ce blog étant d'exploiter les différents domaines du monde du goût que je visite, j'opte pour partager certains repas ou essais que je fais à la maison.


A l'occasion d'une petite invitation, retrouvailles de longue date avec des amis, j'ai voulu prendre le temps de préparer un bon dîner ce 24 août 2013.

Au programme un menu quatre plats de mon cru, servis avec trois vins provenant de ma cave préférée, le Passeur de Vins.


Lundi, Valentin Valles, 2012
Pour accompagner l'apéritif et l'entrée froide, un petit rosé nommé Lundi, produit par Valentin Valles à Saint-Quentin-la-Poterie, dans le Languedoc-Roussillon, 2012. Je regrette d'avoir encore trop peu de culture pour mettre en mots mes dégustations. Si je suis habituellement peu friand de rosé, ça j'aime ! Un rosé à la robe intense, presque fushia, très frais avec un petit pétillant mais surtout très fruité et extrêmement bien construit. Typiquement le genre de rosé qui me réconcilie avec une majorité que je trouve bien souvent inintéressante. Peu d'informations complémentaire sur internet, sans doute dû la la jeunesse du vigneron, qui n'oeuvre apparemment que depuis 2011.














L'entrée froide fut une variation autour du gaspacho : les bases étaient là, tomates, poivrons, concombre, oignon et ail ; mon grain de sel était l'ajout de lentilles rouges qui ont ajouté une jolie onctuosité et une certaine douceur, ainsi qu'un doigt de Marsala.

Gaspacho aux lentilles rouges, mouillettes de pain au levain à l'ail et à la moutarde
Après les accords mets-vins, voilà qu'arrivent les accords mets-pains car j'ai confectionné en plus de cela un pain au levain à base de farine de sarrasin, moutarde de Meaux et ail pressé qui, toasté et servi comme des mouillettes, se marie très bien avec la soupe froide.

Pain de farine de sarrasin ensemencé au levain,à l'ail et moutarde de Meaux

J'ai suivi avec un peu plus d'audace : une pâte à raviole complète (pas hyper simple d'éviter un côté granuleux, je m'en suis plutôt bien sorti) farci d'une sorte de crème à base d' aubergine violette et de féra travaillée comme un gravlax. Cette farce était onctueuse et très parfumée, j'en étais content. Au service, un petit jus un peu émulsionné à la citronnelle, gingembre (assez corsé le gingembre).
Raviole d'aubergine violette et de féra travaillée comme un gravlax et zeste de citron, sauce mousseuse au gingembre et citronnelle







Féra travaillée comme un gravlax
La Lune, Domaine de la Sansonnière, 2011
La Lune a accompagné ce plat : La Lune, Vin de Table du Domaine de la Sansonnière, 2011 : un vin de la Loire, vin naturel, issu dûne culture en biodynamie travaillé par Mark et Martial Angeli à 100% à partir de chenin. C'est un vin véritablement captivant : une robe jaune pâle à quelques reflets dorés, un nez doux et floral avec quelques notes de miel pour aboutir, en bouche, à une plongée dans le fruit. Je ne peux pas aller plus loin dans l'analyse, en néophyte que je suis de la dégustation. C'est un grand vin, frais, fruité, intense et doux à la fois, vibrant et juste complet.


















Le plat de résistance était un rôti de boeuf saisi en croûte d'herbes (thym citron, romarin, origan, ail et oignon) et cuit à basse température. J'adore cette méthode de cuisson qui permet d'obtenir une chair tendre et juteuse, de chauffer ses assiettes et de profiter de ses invités. 
Rumpsteak de boeuf boeuf en croûte d'herbes cuit basse température, sauce au fond de viande, vin rouge, herbes et épice, légumes méditerranéens
Avec cela, simplement quelques légumes de saison (aubergine, poivrons de trois couleurs, courgettes de deux, carottes) que j'ai juste braisé et laissé finir de cuire avec la viande.
Une petite sauce enfin, au vin rouge et fond de viande, dans laquelle ont été infusées des herbes (romarin et thym citron) et épices (vanille, genièvre, cannelle, poivre).


J'ai servi avec ce plat une Sierra du Sud, un Côtes du Rhône du Domaine de Gramenon, 2010, travaillé par Michèle Aubéry-Laurent à Montbrison. Ce vin a toute une histoire pour moi car il a probablement marqué la naissance de mon intérêt à la dégustation de ce breuvage. Lors d'une heureuse invitation au Cerf de Cossonay, j'ai pu en goûter un verre qui m'a laissé pantois d'admiration. J'ai cherché par la suite à m'en procurer ce qui m'a conduit dans une petite boutique relativement jeune sur Lausanne (et existante depuis plus longtemps sur Genève, le Passeur de Vins, LA cave que je recommande pour ses vins et ses conseils). Depuis, c'est là-bas que j'y achète mon vin quand je désire une bonne bouteille, de belles découvertes ou simplement pour discuter avec le sommelier sur place qui, à la longue, est devenu un très bon pote.
Ce vin donc... travaillé à 100% sur de la Syrah de manière naturelle. Pour la dégustation de ce vin, mieux vaut le carafer au moins une petite demi-heure en avance, pour couper un peu du pétillant et lui permettre de s'ouvrir. Il révèle alors un rouge sombre et intense, au nez fruité mais avec également des petites notes de tabac. En bouche, les baies se révèlent plus encore (la fraise), des notes poivrées, des tanins présent mais assez sages. Un vin de soif, très riche, à déguster absolument (ce qui permettra au lecteur curieux de se faire ses propres définitions sans doute plus éloquentes que les miennes).


Sierra du Sud, Domaine de Gramenon, 2010
Finalement en dessert, on joue la légèreté avec de fines tranches de pêche blanche juste saupoudrée de cassonade légèrement passée au chalumeaux et une boule de sorbet à la mangue thaïe préalablement macérée dans du citron vert et du cognac.

Sorbet mangue thaïe macérée au citron vert et cognac servi sur un carpaccio de pêche blanche

vendredi 23 août 2013

Le Croquignolet, Auvernier

Rien de tel, une douce soirée d'été couplée d'une terrasse au bord du lac. Comble de bonheur, ce mercredi 21 août 2013, la pleine lune s'était parée de ses plus beaux atours pour parfaire le cadre naturel.

Le cadre matériel que nous avons choisi pour passer notre soirée et partager un repas était le Croquignolet. Le lieu, sis le long du port d'Auvernier, presque les pieds dans l'eau du lac de Neuchâtel, a tout d'une buvette de plage toute simple, retapée et à laquelle on aurait donné une personnalité. Notons que l'établissement m'ouvre qu'en été.


Quasi composé exclusivement d'une terrasse couverte divisée en deux parties, l'une moderne et relativement élégante, dans les tons gris de larges chaises et noires de tables dressées simplement et joliment, l'autre plus boisée couverte d'un toit type payotte et un désir d'inspirer le voyage, l'intérieur est exclusivement habité par le bar et la cuisine. Le cadre est censé être en correspondance avec la cuisine, puisque l'ardoise promet des spécialités de terroir et réunionnaise.

Le restaurant est entièrement réservé ; nous mentionnons notre nom et sommes illico menés à notre table, côté payotte. Les cartes suivent de ce pas.

Quelques chips type Snacky pour accompagner un verre apéritif. pendant que l'on consulte la carte. Celle-ci est plutôt appétissante, pas trop grande et bien faite. Les entrées semblent particulièrement intéressantes car apparemment très travaillées avec des produits terroir comme plus exotiques. Les mets de poisson et de viande sont eux beaucoup plus traditionnels,sans grande créativité et très en phase avec des propositions telle la fondue au fromage. Et je trouve un peu dommage pour un restaurant proposant des spécialités réunionnaises de choisir comme seuls représentants deux cari, l'un de crevette, l'autre de cigale. Sans doute la proposition a-t-elle été réduite au fil des ans, ne recevant sans doute pas le succès escompté ; aussi, avec une sauce maison et deux produits surgelés, on limite la perte.

Enfin trois desserts maison créatifs et appétissants d' intitulés et fraîchement préparées (il est recommandé de les commander en début de repas d'ailleurs.

On choisit et il n'y a que peu à attendre avant l'entrée , un poil trop peu d'ailleurs car nous n'avions pas fini nos apéritifs. Mais concentrons-nous sur les assiettes.

En entrée, je me suis laissé tenter par le « Mille-feuille de bondelle fumée du lac à la mascarpone et citron confit sur son coulis de tomate ». Une assiette colorées, intéressante et appétissante. Au fond, un coulis de tomate si doux et compoté qu'il me laisse supposer la présence de tomate confite me réjouit déjà, augmentée d'une petite huile d'olive douce et florale de jolie qualité sert de tremplin gustatif au mille-feuille qui s'élève au-dessus. Ce dernier se présente comme une superposition d' étages de feuilles de brick croustillantes et néanmoins relativement souples intercallées de bondelle fumée travaillée comme une mousse au mascarpone, onctueux et gourmand sans pour autant couvrir le goût du poisson, augmenté de zeste de citron confit apportant une agréable fraîcheur. C'est une entrée tout en fraîcheur et pleine de saveurs, qui mériterait un grain de sel en moins pour être à mon goût parfaite.


En plat mon choix s'est porté sur le « Cari de cigale de mer à la réunionnaise ». M'arrivent d'abord les accompagnements, un petit pot de lentilles bien cuites servies froides, une petite casserole de riz long grain très correct et une sauce épicée sensiblement relevée. L'assiette se compose de quatre grosses cigales en carapace, bonne qualité de produit et cuisson bien réalisée, présentées nappées et barbotant dans cette sauce aux épices aux saveurs essentielles de curcuma, piment et tomate, avec une pointe d' agrume, citron ou peut-être combawa. L'ensemble est vraiment très bon, bien présenté et bien servi, j'ai beaucoup aimé cette assiette. Je passerai l'assiette de salade qui m'a été menée à côté, nappée d'une formidable sauce industrielle toujours aussi délicate. Le point sombre du plat, que je laisserai de côté.
 













Je n'ai pu résister, en dessert, à la « Crème brûlée Hibiscus et zeste de combawa, glace coco ». Une crème brûlée parfaitement réalisée aux saveurs florales, assez sucrée rendant le zeste d' agrume fort appréciable. Le tout surmonté par une épaisse couche de caramel encore tiède. En guise de couronne, une glace coco vraiment excellente, pleine de saveurs et riche en copeaux. Quelques éclats de pistache caramélisée vient décorer le tout pour parfaire l'ensemble.






Ma Maman, armée d'une petite faim, à demandé une entrée en format plat, les « Petits boudins créoles, chiffonnade de salade et confit d'ananas aux épices de l' Île de la Réunion ». Quatre petits boudins dodus et de bon goût, bien équilibrés en épices, aux saveurs principales de girofle, se tiennent dans une broussaille de salade de belle allure arrosée d'une vinaigrette maison aux dires de la dégustatrice et d'un petit bol garni d'ananas dans un sirop épicé, avec des notes principales de cannelle. L'ensemble est bon et se marie bien.



Tout au long du repas nous a été proposé un pain mi-blanc augmente de quelques graines de lin de plutôt bonne allure.


Pour boire, en plus d'une carafe d' eau et d'un demi-litre d'eau gazeuse (Arkina), nous avons débuté, en apéritif, par un verre de Chasselas non filtré du Domaine Etienne de Montmollin, frais , plutôt acide avec quelques notes florales et un verre d'Oeil-de-Perdrix du même domaine. Puis une désirée de Magie Noire, assemblage de Garanoir, Gamaret et Pinot noir fruité, frais et plaisant.
En fin de repas, un ultime verre de Cabernet Sauvignon espagnol (Abadal Crianza, DO 2008) et l' addition s'est montée à 156.70 CHF.

Côté service, il est doublement féminin. Peut-être un nombre insuffisant pour la terrasse car si elles assurent plutôt bien, on ne peut s'empêcher de les sentir un rien tendues et pressées. Pour ma part, j'ai réussi à bien faire comprendre que nous n'étions pas pressés lorsque j'ai reçu mon entrée avant d'achever l'apéritif. Sinon ces dames ne manquent pas d'assurance et sont plutôt efficaces.

Au final, une jolie expérience que ce Croquignolet : un cadre des plus plaisants, une cuisine de belle facture qui pourrait être à mon goût un peu plus réunionnaise tout de même (à voir si, peut-être, sur commande, des mets spéciaux sont négociables). Le lieu est des plus recommandables pour passer une soirée belle, bonne et agréable.

Le Croquignolet
Place des Perchettes
2012 Auvernier
Neuchâtel, Suisse

jeudi 22 août 2013

La Brasserie des Tours, Carouge






Dès son ouverture et les premiers échos que j'en ai eu, j'ai eu envie de faire un petit saut à la Brasserie des Tours. Le lieu n'est pas exactement nouveau mais a été fermé et retapé par une équipe d'entrepreneurs enthousiastes et passionnés.


Une descente sur Genève le 14 août 2013 fut une occasion toute trouvée pour m'y rendre en amicale compagnie.



Le coin est manifestement résidentiel, avec de grandes tours locatives alentour, des boulevards, on n'est pas au centre-ville ni dans un secteur chic mais clairement dans une zone populaire. Ouvert sur un parc joli possédant une fontaine jolie au soleil mais d'un tristoune gris bétonné une fois l'ombre revenue, l'établissement voit déjà sa terrasse assaillie malgré sa nouveauté. La terrasse est simple, des chaises de jardin bariolées, tables gris carbone, plutôt sympathique, tandis que l'intérieur se révèle plutôt joli dans ce qui semblait être auparavant un vrai bloc de béton : des murs rouge-bordeaux, long bar blanc de belle présentation, cuisine vitrée sous les yeux, et une bonne série de tables rondes surélevées ou de taille standard simple blanches et noires, dressées de sets de tables estampillés aux couleurs de la maison.




On nous prend illico en charge et à intervalle régulier on nous propose à boire, puis on nous amène la carte, puis les boissons.


Côté cuisine, la carte se compose de divers plats ou entrées disposés relativement pêle-mêle, ce qui ne les rend pas moins tous aussi appétissants les uns que les autres : travail sur les produits de saison, régionaux principalement, quelques mets autour de la charcuterie, d'autres clairement de brasserie et d'autre plus fins d'intitulés et créatifs.
La carte des vins respecte le thème en proposant une bonne vingt-trentaine d'étiquettes essentiellement régionales et confirme cette attention du patron.


Bien que les discussions aillent bon train, on a faim, on s'efforce de faire un choix cornélien et in reprend nos conversations en attendant la régalade......


En entrée nous nous sommes partagés à trois deux plats froids : « Carpaccio de céleri, betterave, antipasti d' aubergine... Tofu à l'huile extra vierge d'olive » : ce plat est une vraie grande réussite : déjà esthétiquement, la présentation est recherchée : un mille feuilles d' aubergine marinée, céleri rave betterave ciogga et tomate verte couronné de tomates rouges trône au centre de l'assiette entouré de fines lamelles de betterave et céleri rave coiffés de dés de tomate et de tofu ferme. La tomate est fraîche, douce et fruitée, l' aubergine est marinée dans une huile d'olive douce et florale de très belle qualité, avec une note acidulée, tandis que les légumes racine ont apparemment juste été blanchis, leur offrant une certaine tendreté tout en conservant une agréable mâche. La vinaigrette recouvrant le tout est d'une insolente simplicité mais faite de bons produits, huile d'olive légère et florale, un vinaigre parfumé et agréable, une pointe de sel et le tour est joué ! L'élément en dessous était le tofu : un choix médiocre de tofu de supermarché, compact et granuleux, sans saveur et de texture trop peu plaisante pour en apprécier la saveur. Un tofu soyeux japonais, simple, tendre et frais serait un choix judicieux et ferait de ce plat une véritable et pure réussite végétale digne des grandes table.


La seconde assiette que nous nous sommes partagée fut la « Salade froide de poulpe de la Méditerranée, Arc-en-ciel parmi les Tours » : une généreuse portion de poulpe très bien travaillé, parfaitement cuit, dépourvu de sa peau et de ses tentacules pour un résultat tendre et délicat, pendant peut-être de son caractère et de sa mâche mais offrant un autre plaisir, augmenté et parfumé de capes, olives noires, poivrons vertes, tomate fraîche et séchée et d'une pointe de persil pour parfaire l'ensemble. C'est frais et très bien réalisé à partir de bons produits bien travaillés et bien mis en scène, avec une saladine de. fraîches jeunes feuilles additionnées de carottes râpée et d'une vinaigrette acidulée de belle facture. Une assiette peut être moins originale mais très bien réalisée.


En plat, je me suis décidé pour la « Souris d'agneau de Vessy, race limousin, mijotée à feu doux avec ses légumes de saison, servi avec gratin dauphinois et légumes du jour » : sur une assiette longue m'arrivent deux cassolettes portant d'appétissantes effluves. Une fois découvertes se révèlent à gauche un grain dauphinois. Celui-ci est fort bien préparé et en portion généreuse, dans un liquide crémeux pas trop présent, avec juste la pointe d'ail et de muscade qu'il faut, parfaitement gratiné et sans fromage (comme il se doit). Seul le choix de pommes de terre m'a laissé dubitatif car trop farineuses tandis qu'à mon goût une pommes de terre à chair ferme est plus agréable.
La cassolette de droite offre à voir une appétissante souris dans une sauce brune épaisse augmentée de petites carottes.
Le rituel veut que d'un morceau de pain trempé la sauce soit goûté. Elle se révèle être une vraie sauce maison, jus de viande corsé et très agréablement parfumé. La viande est de très belle qualité, pas trop grasse et pleine de saveurs. Un petit bémol, elle manquait en certaines parties de fondant, ce qui laisse supposer un petit souci à la cuisson, mais rien de gravissime. Les carottes parfumaient certes bien le plat mais étaient les seules à représenter les légumes de saison (au pluriel) et les légumes du jour qui auraient dû accompagner le plat. Ce n'est que rétrospectivement que je me suis rendu compte de ce manque qui m'aurait fait plaisir de voir combler.
L'assiette reste de belle facture et les petits couacs, s'ils doivent être soulignés, n'empêche pas d'apprécier la qualité et l'amour du travail en cuisine.

Un pain baguette frais et foncé, très correct, nous à accompagné durant le repas et, côté abreuvoir, nous avons apprécié en apéritif trois bières ambrées assez élevée en alcool et plutôt sucrée en bouche. En vin, un Numéro 3, assemblage de Gamay, Gamaret et Pinot noir très frais et fruité, travaillé par la famille Mermoud à Lully.


Le choix des desserts était des plus limité : sinon des glaces Ben & Jerry 's, deux propositions du jour, coupe de fraises à la crème double et un brownie maison. C'est ce dernier que nous nous sommes partagés : servis avec une boule de glace vanillée, pas mauvaise du tout, et un topping. à la fraise, trois morceau de gâteau fondant à souhait, au goût intense de chocolat qui aurait pu être, à l'avis général, sensiblement plus amer et relevé d'une pointe de sel ou de piment d'Espelette. Le tout est richement augmenté de bonnes amandes torréfiées. Un très joli travail.

Deux express et un café pour accompagner le chocolat, ainsi qu'un verre de vin ouvert dont je ne connaîtrai jamais le détail, sinon qu'il s'agissait d'un assemblage, ce qui nous a sensiblement confronté à un manque de choix de vins au verre de même qu'à, apparemment, une maîtrise relative de la carte des vins.


Le tout pour une addition de 201 CHF.


Mais un deuxième dessert couplé d'une excellente surprise nous attendait une visite de la brasserie elle-même par patron avec explications du maître brasseur. Passionnés, chercheurs et curieux, ils confectionnent dans des cuves faites sur mesure trois recettes de base, une blonde, une blanche et une ambrée, qui évoluent au fil du temps, selon les envies du brasseur dont la seule (et bonne) limite est l'imagination.


J'ai passé une superbe soirée. Un cadre particulier et personnalisé, un service humain, vivant et très agréable, une cuisine vraiment très bonne, une bonne bière et belle sélection de vins, rien à dire, on a affaire à des passionnés et bosseurs qui ont, s'ils poursuivent sur cette belle lancée, beaucoup d'avenir. Bravo et merci ; assurément je reviendrai !

La Brasserie des Tours
Avenue Vibert 18
1227 Carouge
Genève, Suisse