lundi 25 août 2014

La Molisana, Lausanne

Dans le thème des restaurants italiens qui offrent une image autre que celle de la sempiternelle pizza moyenne, j'ai longuement entendu parler de la Molisana. Vendredi 22 août 2014, l'envie d'une petite sortie sera l'occasion de pénétrer ce lieu.

Notons au passage que si une fois ce billet lu vous désirez lire un autre avis qui est clairement de qualité, allez jeter un oeil à la revue d'Hedofoodia qui vaut le détour.

Sis avenue de Tivoli, légèrement excentré par rapport au centre-ville, la Molisana est un restaurant qui a su se faire une place sur la scène culinaire lausannoise. L'équipe qui s'y trouve est là depuis déjà plusieurs années et est parvenu, contrairement à ses prédécesseurs qui se sont succédés sans grand succès, à véritablement attirer le public. Bien plus qu'une pizzeria, la Molisana propose une cuisine fraîche, travaillée et généreuse et est plutôt sur une thématique de trattoria.

Nous entrons dans un lieu plaisant, précédé d'une petite terrasse protégée de la route adjacentes par une palissade habillée de plantes. Un piano à l'entrée et en face, un bar où s'active une équipe souriante et attentive. Que l'on regarde à gauche ou à droite, on remarque que le vin a une place de choix en ces lieux. Un peu partout, des tables de bois de toutes formes et de style différents, chaises parfois de bois rembourrées, parfois en osier, dressage des tables simples et murs aux couleurs chaudes offrent une atmosphère agréable et chaleureuse. Nous sommes très vite accueillis et menés à notre table à laquelle le patron nous saluera.






À peine assis qu' un petit amuse-bouche nous arrive, deux tranches de pâte à pizza couronnée de lamelles d'oignons. Cela nous permet d'apprécier légèrement le travail de la pizza qui, en tout cas au niveau de la pâte, est excellente. Notons qu'il est toujours agréable d'être accueillis avec de la nourriture.

Grignotant cela, tout en consultant la carte, nous sirotons pour l'un, un verre de rosé italien (dont je n'ai pas eu la référence) ai un verre de Falanghina Roccamonfina I.G.T, Telaro 2012, vin de vieux cépage italien (dans lequel les latinistes et antiquisants reconnaîtront peut-être le « Vin de Falerne »), de couleur jaune franc aux parfums d'agrumes, très rafraîchissant.

La carte est plutôt celle d'une trattoria. Certes, le restaurant propose des pizza, sans que le choix ne soit trop long, mais on trouvera surtout un beau choix d'entrées variant salades, fritures, tartares et carpaccios, des petites choses à grignoter, risotti, pâtes fraîches et sèches appétissantes, viandes et poissons sélectionnés et travaillés soit sur des thématiques classiques ou plus inventives. Ça sent le frais et à voir les plats servis alentour, tout à l'air des plus gourmand. Notons un choix bien fournis de vins essentiellement italiens qui sauront satisfaire tout un chacun.

On fait notre choix et on attend un instant pour que notre vin nous soit servi, un Malvoisie Noire Salento I.G.T, Vignenti del salento 2012 aux tanins souples et fruits éclatants de très belle qualité, servi au verre (4dl seront consommés).
Une carafe d'eau en plus, et une San Pellegrino.

Arrive de-même une corbeille de pain dont l'allure et le goût ne trompent pas : il est fait maison, cuit au feu de bois et de belle facture. On saluera cela, car du bon pain, qui plus est maison, c'est pas si évident d'en trouver au restaurant !


Les entrées se choisiront sur l'idée du raisonnable :

Pour ma convive, une salade verte, pour moi une salade mêlée. Si généralement on a quelques feuilles plus ou moins fatiguées au fond d'une assiette, c'est pas la mentalité de la Molisana : l'assiette de verte est servie généreusement, juste augmentée d'un peu de fenouil émincé, tandis que la mêlée est encore plus copieuse, garnie de carottes, tomates, fenouil et verte. Toutes deux sont arrosée de vinaigre de vin rouge, d'huile d'olive de bonne qualité et d'un peu de balsamique.



En plat, il y aura à table d'une part un « Filet d'espadon à la vinaigrette d'estragon, risotto au safran ». Le filet d'espadon, théoriquement servi mi-cuit (heureuse idée), a été demandé à point, et il a été servi tel. Goûtant dans l'assiette de ma convive, j'ai été surpris que le poisson ait été bel et bien cuit à point et néanmoins garde une grande tendreté (généralement, tout comme le thon, on ne sent presque plus que la fibre du poisson, ce qui n'est pas toujours agréable). La vinaigrette à l'estragon est acidulée juste ce qu'il faut et riche en saveurs. Le risotto, lié au mascarpone, est très bien réalisé ; on sent encore le grain sous la dent et les saveurs sont là. Jolie assiette.


Pour ma part, je céderai à quelque chose que j'adore et néanmoins fort peu pratiqué dans les restaurants, le poisson en croûte de sel. Voici donc le « Loup de mer en croûte de gros sel, garniture à choix ». Le poisson est sélectionné en différent calibre selon le nombre de convives se le partageant. Pour un poisson portion, cela sera de l'élevage (de France, élevé en pleine mer), les plus gros étant du sauvage péché à la ligne. Ce sera donc de l'élevage, mais qui était de bonne qualité.
Le patron arrive à la table avec un beau plat, brise la croûte de sel (très proprement, pas comme à la maison) et lèvera les filets avec une très grande dextérité, sans-même laisser une arrête. Puis, il ajoutera un peu de gros sel sur la chair délicate et un trait d'huile d'olive. La chair du poisson est tout à fait excellente, l'huile de qualité et le gros sel sublimant tout en simplicité ce plat. Avec cela, des patates natures et des légumes grillés (poivron, aubergine, courgette) fort bons.



A entrée légère, final gourmand.
Nous nous sommes partagés les deux desserts qui nous intéressaient le plus, à savoir la « tartelette aux framboises, glace caramel », une belle tartelette de pâte sablée de bonne qualité surmontée d'une bonne portion de framboises bien mûres juste saupoudrée d'un peu de sucre glace. Une pâtisserie tout en gourmandise et fraîcheur, accompagnée d'une boule qui m'a rappelé les Mövenpick.


Et la « Panna cotta au coulis de mangue » qui en réalité sera au coulis de mangue et framboise faisant une assiette explosive de couleur. La panna cotta est tout à fait parfaite, riche de vanille (dont les grains sont bien présents), augmenté de vrais coulis de fruit riche en saveur bien plus qu'un vieux topping. Un final parfait.



Le tout reviendra à 161.20 CHF.

Le service est non seulement d'une grande efficacité, mais surtout inlassablement souriant et agréable, manifestement épanoui par ce travail.
Avec toutes ces qualités, on ne s'étonnera pas de voir que le lieu joui d'un certain succès auprès de toutes sortes de personnes, des réunions de familles, d'amis, repas en tête à tête ou réunions de travail, la Molisana semble faire l'unanimité. Un grand bravo à cette équipe pleine de coeur !

Avenue Tivoli 68
1007 Lausanne
Vaud, Suisse

dimanche 24 août 2014

Le Zhiwei, Lausanne


Dans la pléthore des restaurants chinois, un petit nouveau est né en ville de Lausanne. Le Zhiwei, ouvert il y a peut-être deux mois, offrait dans le courant du mois d'août un 20% sur sa prestation. L'occasion idéale pour découvrir le lieu en compagnie de deux bloggers gourmands, Foodaholic et Guérilla Gourmande, ce lundi 18 août 2014.

Situé avenue du Léman, un peu à l'est du centre-ville de Lausanne, dans des quartiers de logements et bureaux, le restaurant n'est pas forcément très visible. Une enseigne toute simple ouvrant sur une petite baie vitrée par laquelle on peut pénétrer dans un restaurant plutôt joli.


À l'entrée, quelques tables rectangulaires s’alignent, dressées avec soin dans des couleurs blanc-bordeau. Une volée d'escaliers ouvre sur une salle en T tout aussi soignée, aux murs bordeaux et décoration légères et bien pensées. On n'est pas dans le surchargé mais plutôt dans quelque chose qui se veut plus épuré et raffiné.




Nous sommes accueillis par la femme du patron en habits traditionnels, fort sympathique, de bon conseil et avec un certain humour. Elle nous porte les cartes et nous propose de boire quelque chose. On fera sans alcool aujourd'hui, ce sera une Heiniez verte, un thé jasmin et un jus de pamplemousse.

Pendant ce temps, on épluche la carte. Notons au passage que le chef, d'après la rumeur, est l'ancien de La Réserve à Genève, un hôtel de luxe comprenant plusieurs restaurant dont le Tse Fung, restaurant chinois. Cela laisse présager d'un niveau peut-être supérieur à la moyenne ou tout du moins un choix différent de mets.
Il faut admettre qu'il nous a été difficile de ne pas esquisser un sourire en lisant cette carte aux intitulés parfois rocambolesques (merci google translate). Côté plats, en effet, il y a beaucoup de mets qui sont des « non-vus » pour ma part, a des prix plutôt corrects sur la moyenne lausannoise, ainsi que quelques incursions de « Korea style ». Une liste de suggestion permet de repérer des plats présentés comme des spécialités propre au lieu, ce qui est toujours plaisant. Enfin quelques menus sont proposés, ce qui est toujours utile lorsque l'on est incapable de se décider.

Il ne faudra pas hésiter, en cas de question, à se renseigner auprès de la maîtresse de maison qui saura vous aiguiller ou vous informer au besoin, au risque qu'elle ne parvienne à vous vendre un plat supplémentaire (mission réussie avec nous, mais on n'est pas un public trop difficile à convaincre). Le choix est fait, ce sera trois entrées et quatre plats que nous nous partagerons.

Pour être sûr d'avoir assez à manger, l'un de nous a encore pris le «Potage aux fruits de mer» qui semble lui avoir plu.

 

L'une des entrées étaient les « Rouleaux au porc de 5 épices » : trois pièces assez fines et appétissantes de pâtes bien croustillante sans sensation résiduelle de gras de friture contenant du porc en petits dés aux parfums doux. Il y a une bonne mâche, du croustillant et de jolies saveurs. Une petite sauce aigre-piquante est proposée avec.


Une seconde entrée (qui nous a fait bien rire d'ailleurs) fut les « Watkins crevettes ». Imaginez trois grosses crevettes légèrement frites, augmentées d'une pointe de mayonnaise sur lesquelles on pose une enfournées de pommes allumettes et voilà les crevettes watkins. Tant au nom que dans la préparation, on sentirait presque un vestige des incursions anglaises en Chine. Servi avec une sauce claire de vinaigre de riz et sucre, on admettra tout de même que ce plat est aussi humoristique que plutôt bon. On notera quand même l'étonnante présence d'ail cru en guise de décoration...

La troisième entrée fut les « Raviolis aux Noix St.Jacques » : arrivant dans leur panier vapeur, quatre raviolis assez dodus et joliment façonnés nous sont présentés. La farce est tendre, moelleuse et assez savoureuse, faite de Saint-Jaques, crevette et pomme de terre. Une sauce soja-sucre-vinaigre de riz est servie avec.


 

Passons aux plats. D'abord c'est le « Homard grillé du maison » qui nous est présenté en solo. On nous apporte tout ce qu'il faut pour décortiquer et se rincer les doigts pour savourer ce homard de bonne taille, entier, garni d'oignons et pataugeant dans une sauce douceâtre et sirupeuse probablement à base essentiellement de vin de riz et sucre. Le homard a reçu une cuisson correct et l'ensemble est plutôt goûtu quoique je peine a trouver le sens profond de ce plat, le homard n'étant pas vraiment en contact avec la sauce servie. Notons à nouveau un clin d'oeil à l'ail cru.


Puis les trois plats suivant arrivent ensemble :

Le « Boeuf à la façon Korea » se présente sous forme de lamelle de viandes dans une sauce un peu relevée parfumée au kimchi, le chou fermenté épicé typique de la cuisine coréenne, et de l'oignon. Les parfums sont très typiques et tout le monde n'aimera pas forcément les saveurs que donne le kimchi bien présent. C'est en soi plutôt bon mais là où le bat blesse, c'est que manifestement la viande a joui d'un bain de bicarbonate suffisamment long pour briser la texture et le goût de la viande.


La « Côte de porc sauté au sel et poivre » est un plat de spare ribs débité en tronçons d'allure appétissante, brillante et caramélisée. Passée dans un mélange d'épices douces légèrement relevées, la viande a de la texture et est plutôt bonne. Sans surprise, c'est assez gras, mais c'est plutôt gourmand.

 

L'« Agneau sur ardoise » a, à nouveau, une allure plutôt appétissante, une belle portion de viande garnie de quelques légumes (oignons, carottes, poivrons et haricots) dans une sauce noire épaisse au haricot noir. C'est dans l'ensemble bien parfumé et gourmand mais à nouveau, diablement trop attendri présentant ainsi les mêmes défauts que le premier plat.



Nous consommerons tout cela accompagné de riz nature bien servi et bien fait.

On n'a plus grande faim mais on testera quand même par curiosité deux desserts.

Les « Nêm au chocolat » étaient fidèles à ce que l'on pouvait attendre, trois branches de chocolat (genre cailler ou torino) dans une feuille de pâte, passée à la friture, avec du topping chocolat très moyen au dessus. C'est un dessert pas mauvais, mais sans relief et lourdaud. Heureuse idée que de l'avoir accompagné de rondelles d'oranges.

 

L'« Assortiment de fruits frais » rafraîchira tout cela. J'ai toujours été vraiment stupéfait par les pix de ces plateaux de fruits oscillant toujours dans les environs de 25 francs. Je veux bien que cela soit en partie des questions de fraîcheur de produit et de stockage, et cela peut être convenable lorsque sont présentés des fruits coûteux (comme de la mangue thaïe, papaye, fruits de la passion, etc...). Qui plus est, c'est généralement un exercice intéressant car ce n'est pas forcément évident de rendre le plat beau. Si l'exercice du dressage est plus ou moins correct ( le bon point revenant surtout aux oranges), le contenu est un peu décevant. Les fruits sont certes mûrs mais on nous offre à prix démentiel un quart de pastèque, un quart de melon sucrin, un quart d'ananas et l'équivalent d'une orange.


Au final l'addition s’élèvera à 216 francs avec les 20% de rabais promotionnel.

C'est un lieu agréable au service des plus sympathique. Les mets proposés y sont originaux, différents et intéressants mais, pour ce qui est des plats, la main est beaucoup trop lourde sur les agents attendrissant ce qui limite fortement le plaisir. Il y a du potentiel en ce lieu, mais il mériterait sans aucun doute quelques retouches.

Avenue du Léman 19
1005 Lausanne
Vaud, Suisse

dimanche 3 août 2014

L'Hôtel de Ville, Echallens


Voilà pas mal de temps que j'entends parler de l'Hôtel de Ville d'Echallens comme un restaurant à découvrir dans la région. Cette soirée du 1 août 2014, ce sera chose faite en compagnie d'un ami.

Située à une quinzaine de kilomètres de Lausanne, Echallens est un bourg calme d'un certain standing sans pour autant renier ses attaches campagnardes. L'un de ses grands symboles, la Maison du Blé est du Pain, en est un excellent témoin ; on pourra d'ailleurs s'y informer quant à la chaîne de production du pain de A à Z autant qu'y savourer de jolis brunchs ou y acheter sa tresse le dimanche. A ce sujet, n'hésitez pas à en lire la revue de l'ami Guérilla Gourmande sur le Fournil de Cérès.

Place de l'hôtel-de-ville, une belle bâtisse s'élève, centrale. S'y trouve un restaurant, celui de l'Hôtel-de-Ville dans lequel officie le chef Alain Meystre et son équipe.

L'intérieur est partagé en deux parties, un côté brasserie, plinthes hautes boisées, tapisseries violacées, tables et chaises de bois sombre habillées de chemins de tables blanc sur lesquelles s'étalent un élégant dressage.



Une terrasse sise sur un balcon offre le sentiment d'être à la maison, tout en simplicité mais avec ce quelque chose d'élégant que l'on apprécie.



Enfin, côté restaurant, une petite salle assez intime, toute de rose pastel avec de grandes peintures un peu caricaturales des deux acteurs principaux du restaurant, le chef de service, Monsieur Baudois et le chef de cuisine, Monsieur Meystre.




Nous sommes accueillis par le maître d'hôtel, Jean-Claude Baudois, fort professionnel de prime abord et qui se révélera au fil du repas plein d'humour et de bonhomie, qui nous propose de choisir notre table (qui sera en terrasse) et nous propose un apéritif. Il nous signale l’existence d'un apéritif maison qu'il réalise lui-même, un alcool très doux à base de vin et de feuille de griottier de la région qui est tout à fait agréable.



Pendant que l'on sirote ce breuvage, on découvre une carte courte aux intitulés appétissants et évocateurs, faisant part belle aux produits de la région et restant fidèle à la saison. En parallèle, la carte des vins n'est pas en reste et propose une magnifique sélection de vins de la région et quelques vins d'ailleurs, tout cela à des prix des plus raisonnables !

Nous avons opté finalement pour nous laisser surprendre, cela tant au niveau de l'assiette que des vins. Ce sera menu surprise avec vins d'accompagnement. Le maître d'hôtel nous demande si l'on mange de tout, il n'y aura aucune limite ce soir.

La première excellente surprise sera le panier de main que l'on nous apporte : du pain frais, fait maison, fraîchement coupé et d'excellente exécution. La farine est sans doute employée fraîche, venant du moulin d'à-côté, ce qui donne déjà au pain mi-blanc une saveur toute particulière. Deux autres pains de proposé, aux tomates séchées ou aux olives, sont tout aussi délicieux.


 
Pour nous faire patienter arrivent deux amuses-bouches sur un plateau rustique, deux amuses-bouches appétissants et travaillés. Le premier sera une petite soupe froide de melon à la menthe, d'une grande fraîcheur, sensiblement épaissie et avec un doigt de crème, c'est délicat et gourmand. Le second amuse-bouche sera une cuillère dans laquelle repose une bille légèrement croustillante de morue riche en saveur dans une sauce tomate très goûtue. Cela promet.

 

En première entrée, le chef nous proposera une « Grecque de légumes, sorbet courgettes et vanille de Tahiti ». Une très jolie assiette : dans une feuille de brick croustillante se présente un mélange de petits légumes frais )carottes, fèves, champignons, mini-maïs, courgette, oignon et j'en oublie probablement), parfaitement cuits et plein de saveur et de délicatesse, assaisonnés juste comme il faut et avec un peu de vanille. Sur le dessus, une quenelle de sorbet de courgette parfumé à la vanille. La vanille de Tahiti y exprime beaucoup de saveurs (elle est d'ailleurs assez réputée pour son goût très doux et très présent prenant vite le dessus et est pour cela essentiellement employée en dessert). Le tout est décoré de petits morceaux de betterave chiogga ainsi que de fleurs de bourrache. Une très belle assiette.



Pour accompagner cette délicate entrée, un « Riesling-Sylvaner" de la Cave des 13 Coteaux à Arnex-sur-Orbe, un vin aussi intéressant qu'étonnant, de couleur d'un jaune brillante aux reflets sensiblement verts, un nez riche et fruité mais qui en bouche se révélera d'une grande minéralité, vif et tout en fraîcheur.

La seconde entrée nous situera à elle seule, par son intitulé, la provenance neuchâteloise du produit (voire du chef) : « Paupiettes de bondelle aux fèves de tonka ». La bondelle est en effet un poisson proche de la féra typique du lac de Neuchâtel (également trouvable dans celui de Constance). C'est à nouveau une assiette qui ne manquera pas d'esthétisme qui nous arrive, avec trois petits filets de bondelle parfaitement désarêtés, couverts d'amandes effilées grillées puis roulés sur eux-même. La cuisson est juste quoiqu'elle eut pu être sensiblement moindre à mon goût (mais j'apprécie le poisson presque sous-cuit). A leurs côté, un petit mélange de légumes délicieux joliment glacés, une savoureuse purée de patate douce parfumée à la tonka, une pincée de graines de pavot et une jolie sauce crémeuse à base de fèves et petits pois d'une belle douceur, avec un petit goût qui m'a fait penser à du champignon (plus spécifiquement bolet) mais cela restera un mystère. Quoi qu'il en soit, ce fut une très belle seconde entrée.


Le verre accompagnant ce plat sera un assemblage blanc « Amédée VI » R. Paccot à Féchy, Domaine de la Colombe (probablement du 2009). J'apprécie beaucoup le travail que fait ce vigneron et l'Amédée VI est l'un de ses plus jolis vins en blanc. Un assemblage splendide de Savagnin, Chardonnay, Doral et Chasselas, de belle couleur dorée, d'apparence et de nez proche d'un vin doux, qui révélera énormément de fraîcheur à la dégustation, belle structure et longueur.

Le plat confirmera l'amour du chef pour le poisson avec le « Filet de Saint-Pierre, bouillon à la citronnelle et chips de chorizo ».
L'assiette nous arrive très joliment dressée et par la suite, le maître d'hôtel nous apportera le bouillon à la citronnelle qu'il nous versera directement dans l'assiette. Cela doit être la première fois que je déguste ce poisson de belle réputation, considéré comme d'une très grande finesse. Eh bien je n'ai pas été déçu : le produit est magnifique, cuit à la perfection, présenté accompagné de quelques petits légumes au fond et des dés de chorizo légèrement relevé et de bonne qualité. Le bouillon est tout à fait splendide, riche de saveur de citronnelle mais également, comme la couleur le laissait présager, de safran. Une chips de chorizo vient compléter ce plat tout entouré de fleurs. Belle maîtrise !


Le maître d'hôtel nous a demandé si nous désirions poursuivre au blanc ou au rouge. Sachant mon comparse plus amateur de blancs que de rouge, ce sera blanc. Toutefois Monsieur Baudois a compris que j'étais plus amateur de rouge et nous a réservé une intéressante surprise en conséquence : un vin tessinois, de la commune de Mendrisio : « Bianco di uve Merlot » de Guido Brivio (2008). Un vin issu du cépage Merlot vinifié en blanc qui nous a laissé pendant un bon moment songeur ; ne sachant pas dès le début ce que nous buvions, nous cherchions des goûts connus en blanc ; dès que le vin nous a été expliqué, le goût nous a paru soudainement clair et évident. Surprenant, ce vin n'en est pas moins excellent, d'une grande délicatesse.

En dessert, un bel hommage à l'histoire avec une tarte rarement servie, une « Conversation aux amandes et abricots et vanille ». Une très jolie tarte-portion fort bien exécutée, de bel équilibre entre le feuilletage (excellent) et l'intérieur de pâte d'amande gourmande mêlée d'abricot et vanille apportant fraîcheur et un rien d'acidulé. Une petite quenelle de sorbet abricot-vanille à ses côtés, quelques fruits et nous voilà arrivés à la fin de ce repas. En nota, honte à moi, avant la photo, j'ai subtilisé une grappe de raisinets et une petite décoration de chocolat.


Deux cafés puis l'addition qui avec le Passeport Gourmand se montera à 166 CHF.

Un repas tout à fait ravissant, un beau travail de chef, un bel effort visuel, une jolie personnalité dans l'assiette, mise en scène par une équipe aux petits soins avec sa dose d'humour, Cerise sur le gâteau, dès la réservation téléphonique on saura que l'équipe en place aime son travail. Le cadre n'est pas en reste et parfait de rendre ce lieu des plus recommandable pour passer une soirée agréable, que cela soit en famille, entre amis ou en coupe, offrant un petit goût de chic sans trop en faire.

L'Hôtel de Ville
Place de l'Hôtel-de-Ville 1
1040 Echallens
Vaud, Suisse