L'an
passé, je suis allé seul au restaurant Asitane et en suis sorti
enchanté, comme vous pouvez le voir dans
le billet que je lui ai dédié. Impossible
de ne pas y mené mes co-voyageurs, ce 30 septembre 2014.
Sis
dans des quartiers passablement excentré, il faudra prendre le bus
et traverser la ville vers l'ouest pour s'y rendre. Des vieux
quartiers, plutôt pauvres, mais néanmoins calmes et agréables et
possédant un certain nombres de beaux rendez-vous touristiques.
N'ayant
pas autrement changé, je passerai sur la description des lieux que
vous pourrez dans l'autre article dédié à ce lieu. Je reproduirai
toutefois quelques photos prises cette année, offrant une vue de
jour de la terrasse sur laquelle nous nous installerons.
Nous
sommes très vite pris en charge et placés sur cette jolie terrasse.
Le fond de l'air n'étant pas si chaud que cela, les chaises sont
équipées de couvertures dont pourront se revêtir les clients.
Nous
buvons l'apéritif en consultant la carte. On la découvre toute
composée de mets impériaux, nous faisant voyager de 1453 à 1918 à
travers les produits, les épices, les saveurs. En effet, pour
rappel, les chefs d'Asitane ont fait des années de recherches sur
les cuisine des palais de Topkapı, Edirne et Dolmabahçe, à la
recherche des mets qui régalaient les sultans et leurs invités.
Nous
recevons très vite deux pains différents d'une très grande
qualité, deux petits ballons, d'un plutôt à la cannelle et au
sésame, l'autre à la cannelle augmenté de grains d'anis.
Ils
se marient très bien avec ce petit concassé de pois chiche épicé
et cette huile d'olive herbeuse de très belle qualité.
Deux
gourmands prendront deux entrées, tandis que les deux autres
convives se contenteront d'une seule.
A
la table, deux
« Toyga
Aşi
», soupe de
yaourt au boulghour et pois chiches, une recette du XIVe
siècle, servie froide. Gourmande et fraîche, le boulgour assez
grossier de même que les pois chiches donnent saveur et mâche. Les
épices sont délicates, poivre, un peu de cumin notamment, et le
tout est enfin arrosé d'une huile d'olive parfumée à la menthe.
C'est excellent.
Une
personne a pris une soupe d'amande douce, la « Badem Çorbası »,
selon une recette de 1539 que j'avais goûtée l'année passée.
Toujours aussi délicieuse, tout en douceur et rondeur, elle est
assez nourrissante, parfumée de
muscade et grenade.
En
deuxième entrée, un convive prendra les « Asitane
Lokmalari
», un assortiment de quatre préparations présentées comme
« Fiertés d'Asitane ». J'avais dégusté l'an passé ce
plat délicieux composé d'un « Humus
lokması »,
recette de 1469 présentant une pâte de pois chiche aux épices,
pignons de pin et cannelle d'une gourmandise folle,
un
« Lor Mahlutu », préparation de fromage frais un peu
granuleux aux échalottes, persil, poivre vert, tomate, assaisonnée
au romarin et paprika, recette de 1898 excellente
une
« Fave », préparation de fèves mixées assaisonnée
d'aneth et huile d'olive agréablement herbeuse en bouche
une
« Dövme Hiyar Salatasi », recette de 1844, une salade de
concombre au yaourt augmenté d'oignon et de pistaches, un ajout qui
twist bien !
Le
convive était heureux. Il est vrai que s'il on peut reprocher
quelque chose à cette entrée, c'est d'être hyper nourrissante.
Un
« Gömlek Kebabı » (1764), une préparation de viande
hachée d'agneau et de boeuf parfumé à la coriandre, cumin,
pignons, enrobé de crépine et cuit à l'huile d'olive. Moelleux,
riche en saveur et gourmand, ces préparations sont présentées sur
une excellente salade d'oignon rouge avec quelques feuilles de roka
parsemée de graines de grenade. Cette entrée à beaucoup plu à
l'intéressé.
Pour
ma part, je serai plus intéressé
par le « Vişneli
yaprak sarması
», recette de 1844 présentant des feuilles de vignes farcies
de cerises de type griottes, riz, oignon, pignon
de pin, tout cela assaisonné d'huile d'olive, poivre noir et
cannelle. Association très intéressante et heureuse, la douceur
acidulée de la griotte se marie parfaitement bien avec la
gourmandise de la feuille de vigne farcie.
Passons
aux plats ! Une personne prendra le « Mahmudiyye »,
goûté d'an passé, recette de 1539. Il s'agit d'un poulet cuit à
l'étouffée avec des abricots secs,
raisins sec Rezaki, des amandes, le tout parfumé de cannelle et de
clous de girofle. C'est toujours aussi savoureux et a beaucoup plu à
la concernée.
A
nouveau une souri d'agneau à table, ce soir, avec le « Yufkada
Kuzu İncik Beğendili », recette de 1844 où elle est
présentée sur une purée d'aubergine, le tout dans un « bol »
croustillant. Très parfumé, la viande est parfaite et nappée d'une
épaisse sauce de viande aux saveurs de muscade et de cannelle, un
bonheur.
Un
troisième convive prendra le « Kırma Tavuk Kebabı »
(1764), deux fines tranche de poulet parfaitement grillé servi avec
des oignons rouges sautés au vinaigre et du chou rouge en pickels.
Un plat plus léger, sans doute plus simple, sans être moins bon.
Pour
ma part, cette fois, j'ai été très tenté par l'improbable « Kavun
dolması » (1539), un melon de la taille d'un gros grapefruit farci
et cuit au four. De chair jaune, devenue fondante, plutôt douce en
saveur, elle est farcie d'une mémorable préparation de viande très
finement émincée (essentiellement de l'agneau), du riz, des pignons
de pin, des amandes, des épices (allspice, cannelle,poivre noir...)
et des petit cassis séchés. C'est d'une gourmandise exquise et si
original. Les sultans savaient vivre !
Pour
le dessert, autant dire que plus personne n'avait faim, ni même
n'était en capacité d'ingérer la moindre chose, aussi nous avons
renoncé au dessert. Le serveur nous a toutefois offert à nous
partager un « Südlü Zerde », un joli pudding au lait,
avec un peu de riz sur le fond parfumé au safran et au miel. Même
si nous nous sommes un peu forcés, le geste était très sympathique
et le dessert était d'une grande finesse et pas lourd du tout.
Côté
boissons, nous avons pris d'abord un rosé du pays, « Isinda
Roze », du producteur Likya, 2011, produit à partir d'un
cépage indigène nommé kalecik karası qui a accompagné notre
apéritif et les entrées. Un rosé de couleur franche, très frais
et un rien effervescent, qui, en bouche, est plutôt bon, simple,
assez proche d'un rosé de pinot noir.
Pour
le rouge, ce fut un « Château Kalpak » 2010, produit par
la maison éponyme, sur des
cépages de kalecik karası et de merlot, un vin franc, assez
corpulent et boisé tout en exprimant des notes de fruit, il est
joliment structuré et nous a offert beaucoup de plaisir.
Le
service est toujours aussi serviable et efficace. Qui plus est, au
moment de nous apporter l'addition (525 TL) nous nous sommes vus
offrir une confiture de prune de la maison... mais l'auteur de
ce blog, distrait qu'il est, l'a laissée par mégarde dans son
bagage à main... aussi elle est restée à l'aéroport -_-''
Autant
dire qu'Asitane est un lieu qui mérite d'être découvert. Certes
dans un quartier éloigné et pas forcément très accueillant de
prime abord, mais néanmoins riche en histoire avec à ses côtés
probablement l'une des plus belles église byzantine qu'il soit,
Saint Sauveur in-Chora,
ainsi que des anciennes murailles romaines de la cité et le palais de Constantin Porphyrogénète, dont je vous
mets, ci-dessous, quelques images en bonus.
Kariye
Camii Sokak No:6
34240
Edirnekapı / Istanbul
Région
de Marmara, Turquie
Mosaïque murale à Saint Sauveur in Chora |
Peinture au plafond de Saint Sauveur in Chora |
Autre peinture au plafond de Saint Sauveur in Chora |
Façade du palais de Constantin Porphyrogénète |
Les murs théodosiens |
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