Voilà
pas mal de temps que j'entends parler de l'Hôtel de Ville
d'Echallens comme un restaurant à découvrir dans la région. Cette
soirée du 1 août 2014, ce sera chose faite en compagnie d'un ami.
Située
à une quinzaine de kilomètres de Lausanne, Echallens est un bourg
calme d'un certain standing sans pour autant renier ses attaches
campagnardes. L'un de ses grands symboles, la
Maison du Blé est du Pain, en est un excellent témoin ; on
pourra d'ailleurs s'y informer quant à la chaîne de production du
pain de A à Z autant qu'y savourer de jolis brunchs ou y acheter sa
tresse le dimanche. A ce sujet, n'hésitez pas à en lire la
revue de l'ami Guérilla Gourmande sur le Fournil de Cérès.
Place
de l'hôtel-de-ville, une belle bâtisse s'élève, centrale. S'y
trouve un restaurant, celui de l'Hôtel-de-Ville dans lequel officie
le chef Alain Meystre et son équipe.
L'intérieur
est partagé en deux parties, un côté brasserie, plinthes hautes
boisées, tapisseries violacées, tables et chaises de bois sombre
habillées de chemins de tables blanc sur lesquelles s'étalent un
élégant dressage.
Une
terrasse sise sur un balcon offre le sentiment d'être à la maison,
tout en simplicité mais avec ce quelque chose d'élégant que l'on
apprécie.
Enfin,
côté restaurant, une petite salle assez intime, toute de rose
pastel avec de grandes peintures un peu caricaturales des deux
acteurs principaux du restaurant, le chef de service, Monsieur
Baudois et le chef de cuisine, Monsieur Meystre.
Nous
sommes accueillis par le maître d'hôtel, Jean-Claude Baudois, fort
professionnel de prime abord et qui se révélera au fil du repas
plein d'humour et de bonhomie, qui nous propose de choisir notre
table (qui sera en terrasse) et nous propose un apéritif. Il nous
signale l’existence d'un apéritif maison qu'il réalise lui-même,
un alcool très doux à base de vin et de feuille de griottier de la
région qui est tout à fait agréable.
Pendant
que l'on sirote ce breuvage, on découvre une carte courte aux
intitulés appétissants et évocateurs, faisant part belle aux
produits de la région et restant fidèle à la saison. En parallèle,
la carte des vins n'est pas en reste et propose une magnifique
sélection de vins de la région et quelques vins d'ailleurs, tout
cela à des prix des plus raisonnables !
Nous
avons opté finalement pour nous laisser surprendre, cela tant au
niveau de l'assiette que des vins. Ce sera menu surprise avec vins
d'accompagnement. Le maître d'hôtel nous demande si l'on mange de
tout, il n'y aura aucune limite ce soir.
La
première excellente surprise sera le panier de main que l'on nous
apporte : du pain frais, fait maison, fraîchement coupé et
d'excellente exécution. La farine est sans doute employée fraîche,
venant du moulin d'à-côté, ce qui donne déjà au pain mi-blanc
une saveur toute particulière. Deux autres pains de proposé, aux
tomates séchées ou aux olives, sont tout aussi délicieux.
Pour
nous faire patienter arrivent deux amuses-bouches sur un plateau
rustique, deux amuses-bouches appétissants et travaillés. Le
premier sera une petite soupe froide de melon à la menthe, d'une
grande fraîcheur, sensiblement épaissie et avec un doigt de crème,
c'est délicat et gourmand. Le second amuse-bouche sera une cuillère
dans laquelle repose une bille légèrement croustillante de morue
riche en saveur dans une sauce tomate très goûtue. Cela promet.
En
première entrée, le chef nous proposera une « Grecque de
légumes, sorbet courgettes et vanille de Tahiti ». Une très
jolie assiette : dans une feuille de brick croustillante se
présente un mélange de petits légumes frais )carottes, fèves,
champignons, mini-maïs, courgette, oignon et j'en oublie
probablement), parfaitement cuits et plein de saveur et de
délicatesse, assaisonnés juste comme il faut et avec un peu de
vanille. Sur le dessus, une quenelle de sorbet de courgette parfumé
à la vanille. La vanille de Tahiti y exprime beaucoup de saveurs
(elle est d'ailleurs assez réputée pour son goût très doux et
très présent prenant vite le dessus et est pour cela
essentiellement employée en dessert). Le tout est décoré de petits
morceaux de betterave chiogga ainsi que de fleurs de bourrache. Une
très belle assiette.
Pour
accompagner cette délicate entrée, un « Riesling-Sylvaner"
de la Cave des 13 Coteaux à Arnex-sur-Orbe, un vin aussi
intéressant qu'étonnant, de couleur d'un jaune brillante aux
reflets sensiblement verts, un nez riche et fruité mais qui en
bouche se révélera d'une grande minéralité, vif et tout en
fraîcheur.
La
seconde entrée nous situera à elle seule, par son intitulé, la
provenance neuchâteloise du produit (voire du chef) :
« Paupiettes de bondelle aux fèves de tonka ». La
bondelle est en effet un poisson proche de la féra typique du lac de
Neuchâtel (également trouvable dans celui de Constance). C'est à
nouveau une assiette qui ne manquera pas d'esthétisme qui nous
arrive, avec trois petits filets de bondelle parfaitement désarêtés,
couverts d'amandes effilées grillées puis roulés sur eux-même. La
cuisson est juste quoiqu'elle eut pu être sensiblement moindre à
mon goût (mais j'apprécie le poisson presque sous-cuit). A leurs
côté, un petit mélange de légumes délicieux joliment glacés,
une savoureuse purée de patate douce parfumée à la tonka, une
pincée de graines de pavot et une jolie sauce crémeuse à base de
fèves et petits pois d'une belle douceur, avec un petit goût qui
m'a fait penser à du champignon (plus spécifiquement bolet) mais
cela restera un mystère. Quoi qu'il en soit, ce fut une très belle
seconde entrée.
Le
verre accompagnant ce plat sera un assemblage blanc « Amédée
VI » R. Paccot à Féchy, Domaine
de la Colombe (probablement du 2009). J'apprécie beaucoup le
travail que fait ce vigneron et l'Amédée VI est l'un de ses plus
jolis vins en blanc. Un assemblage splendide de Savagnin, Chardonnay,
Doral et Chasselas, de belle couleur dorée, d'apparence et de nez
proche d'un vin doux, qui révélera énormément de fraîcheur à la
dégustation, belle structure et longueur.
Le
plat confirmera l'amour du chef pour le poisson avec le « Filet de
Saint-Pierre, bouillon à la citronnelle et chips de chorizo ».
L'assiette
nous arrive très joliment dressée et par la suite, le maître
d'hôtel nous apportera le bouillon à la citronnelle qu'il nous
versera directement dans l'assiette. Cela doit être la première
fois que je déguste ce poisson de belle réputation, considéré
comme d'une très grande finesse. Eh bien je n'ai pas été déçu :
le produit est magnifique, cuit à la perfection, présenté
accompagné de quelques petits légumes au fond et des dés de
chorizo légèrement relevé et de bonne qualité. Le bouillon est
tout à fait splendide, riche de saveur de citronnelle mais
également, comme la couleur le laissait présager, de safran. Une
chips de chorizo vient compléter ce plat tout entouré de fleurs.
Belle maîtrise !
Le
maître d'hôtel nous a demandé si nous désirions poursuivre au
blanc ou au rouge. Sachant mon comparse plus amateur de blancs que de
rouge, ce sera blanc. Toutefois Monsieur Baudois a compris que
j'étais plus amateur de rouge et nous a réservé une intéressante
surprise en conséquence : un vin tessinois, de la commune de
Mendrisio : « Bianco di uve Merlot » de Guido
Brivio (2008). Un vin issu du cépage Merlot vinifié en blanc
qui nous a laissé pendant un bon moment songeur ; ne sachant pas
dès le début ce que nous buvions, nous cherchions des goûts connus
en blanc ; dès que le vin nous a été expliqué, le goût nous
a paru soudainement clair et évident. Surprenant, ce vin n'en est
pas moins excellent, d'une grande délicatesse.
En
dessert, un bel hommage à l'histoire avec une tarte rarement servie,
une « Conversation aux amandes et abricots et vanille ».
Une très jolie tarte-portion fort bien exécutée, de bel équilibre
entre le feuilletage (excellent) et l'intérieur de pâte d'amande
gourmande mêlée d'abricot et vanille apportant fraîcheur et un
rien d'acidulé. Une petite quenelle de sorbet abricot-vanille à ses
côtés, quelques fruits et nous voilà arrivés à la fin de ce
repas. En nota, honte à moi, avant la photo, j'ai subtilisé une
grappe de raisinets et une petite décoration de chocolat.
Deux
cafés puis l'addition qui avec le Passeport Gourmand se montera à
166 CHF.
Un
repas tout à fait ravissant, un beau travail de chef, un bel effort
visuel, une jolie personnalité dans l'assiette, mise en scène par
une équipe aux petits soins avec sa dose d'humour, Cerise sur le gâteau, dès la réservation téléphonique on saura que l'équipe en place aime son travail. Le cadre n'est
pas en reste et parfait de rendre ce lieu des plus recommandable pour
passer une soirée agréable, que cela soit en famille, entre amis ou
en coupe, offrant un petit goût de chic sans trop en faire.
L'Hôtel
de Ville
Place de l'Hôtel-de-Ville 1
Place de l'Hôtel-de-Ville 1
1040
Echallens
Vaud,
Suisse
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