Il a
par ailleurs publié trois livres de recettes qui rencontrent,
également, un énorme succès, où les légumes on part belle et où
sa créativité est partagée au grand public dans un déluge de
saveurs et de couleurs.
C'était
donc avec beaucoup de réjouissance que je me suis rendu dans son
établissement d'Islington, district du Grand Londres plutôt
populaire et très vivant, rassemblant bon nombre de bars, pubs et
restaurants, très agréable et plutôt beau, illuminé de ses
décorations de fêtes encore présentes. On longera relativement
longuement l'Upper Street pour atteindre sa destination.
Malgré
son succès, dans l'étalage de lumières et d'enseignes de l'Upper
Street, il passerait presque discret, avec sa petite vitre et son
enseigne rouge, si l’œil n'était pas immanquablement attiré par
l'outrageuse débauche de pâtisseries gourmandes et colorées.
On
entre dans un établissement accueillant, aux lumières blanches mais
douces sur des murs essentiellement blanc. A gauche, un comptoir qui
sert de « caisse » de la part épicerie du lieu, mais où
s'empilent des assiettes d'entrées froides qui tenterait n'importe
qui, ainsi qu'au mur, la suggestion du moment en terme de vins.
Le
long du mur, à droite, des pots d'épices, de sauces, de pickles, de
confiture, bouteilles de vinaigre et j'en oublie rivalisent de
couleurs.
Accueilli
avec beaucoup de chaleur par une équipe jeune et hyper
professionnelle, je suis mené plus loin dans cet établissement tout
en longueur. Un bonne moitié de l'espace est occupé par une table
commune, qui n'a rien d'une table de cantine: d'un blanc
virginal, entourée de sièges confortables également blancs,
parsemée de jolis chandeliers. C'est convivial et intime à la fois,
c'est très agréable et j'y serai installé.
La
seconde moitié de l'établissement contient des tables plus petites
et intimes qui ont tout d'un restaurant chic et romantique.
On
me propose directement de l'eau puis on me porte la carte. Tout juste
composée d'une douzaine de propositions, elle est partagée en deux
parties: « From the counter » et « From the
kitchen ». On comprend très vite que l'on pourrait comparer
grosso modo cela à « mezzés froids » et « mezzés
chauds », d'une grande inspiration et créativité, promettant
fraîcheur, précision, saveurs et voyage... et là, c'est le drame:
pas une seule des propositions de la carte ne me fait pas envie.
C'est d'autant plus frustrant qu'à une table de 4 à 6 convives, on
explore assez aisément toute la carte. Seul toutefois, j'éviterai
de tenter de relever le défi.
Fatalement,
je fais un choix, un plat froid et un plat chaud, on verra plus tard
si j'aurai encore faim après.
On
m'apporte pour patienter un trio de pains manifestement maisons,
beau, avec une odeur chaude et délicieuse. Un pain mi-blanc, un
autre apparemment au levain et un final au pois chiche et épices qui
était vraiment magnifique. À côté, une très belle huile d'olive
piquante et herbeuse comme je les aime.
« From the counter », donc, je me lance pour une préparation fortement inspirée du Japon avec du thon albacore pêché à la ligne, juste saisi dans une croûte de graines de sésames blanc jaune et noir. Le produit est saisi au millimètre laissant un intérieur cru et gourmand. Finement assaisonné (sans doute mariné au soja et miel) et enrobé d'une croûte de tenue parfaite, le résultat flatte déjà les yeux et les papilles. Mais trempez seulement ce poisson dans la sauce soja-miel et gingembre qui l'accompagne, enrobez le tout de ciboule, et le bonheur est complet.
« From
the kitchen », je me serai intéressé par des kofta de gibier.
Les kofta sont des spécialités d'origine persiques que l'on
trouvera dans les pays d'Orient comme du Maghreb, mais aussi d'Europe
orientale sous différentes appellations proches (kofte, köfte,
kufta...) et désigne pour faire simple une boulette de viande. Ici
elle prend une forme toute particulière, déjà en étant préparée
à partir de chasse, mais en plus accompagnée d'un surprenant et
assez méconnu « green tahini », du chou plume, oignon
confit et sauce au citron.
M'arrive
une jolie assiette nourrie de trois gros kofta, juste passée dans
une fine chapelure et frite. Ici, il n'est pas question de chasse
discrète: ça explose en bouche, ça sent de l'intérieur,
viande, épices, c'est intense et riche avec tout le bonheur du
moelleux et croustillant. Le chou a été simplement revenu avec ces
oignons confits apportant une jolie acidité augmentée encore par la
présence du citron. Le « green tahini » était une
surprenante sauce apportant un peu d'amertume et beaucoup de saveurs
d'ail, de sésame et d'herbes (persil, cresson) et un trait de
citron. Splendide !
Pour
accompagner mon repas, sinon de l'eau gazeuse, j'ai pris deux verres
d'un très joli rouge de Navarre, un Aroa
Garnatxas 2013 des Bodegas
Aroa, travaillant exclusivement avec des méthodes biodynamiques.
Il s'agit d'un vin 100%
Grenache qui révélera des saveurs profondes de fruit, d'une grande
douceur, presque grasses, un bel équilibre, il m'a beaucoup plu !
Si je
ne suis pas plein à craquer, je me garderai pour un dessert. Oui,
ceux qui m'ont fait de l’œil avant-même l'entrée dans le
restaurant. Ce ne sont que des créations du jour une bonne
quinzaine, dont 5 « habituelles » sont recensées sur la
carte des desserts ; on me suggérera d'aller au comptoir pour
faire mon choix.
A
nouveau, c'est terrible car face à un tel étalage, on se sent comme
un enfant et on veux goûter à toutes ces pâtisseries gigantesques
et colorées.
Je me
déciderai pour l' « orange cake ». C'est un vrai
monstre, magnifique de moelleux, très riche en saveurs d'orange,
magnifié par un glaçage au chocolat noir riche. Il est servi avec
une crémière de savoureuse crème vanille.
Avec
cela, un verre d'un vin rouge de dessert, à nouveau espagnol, un
Ramblis, des bodegas Bernabe
Navarro, 2011, riche et gourmand, presque un dessert en soi.
Il me
faut mettre un terme à ce repas et commande l'addition qui s’élèvera
à 49.65£.
Ottolenghi,
c'est la promesse d'un moment différent, d'autres saveurs, beaucoup
de créativité emprunte de tradition, dans un cadre élégant,
certes, mais surtout chaleureux et communautaire et géré par une
équipe jeune, dynamique, pleine de savoir-faire. Disons-le, j'ai
adoré.
287 Upper Street
London N1 2TZ
London N1 2TZ
Grande-Bretagne
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