Dans mes envies découvertes culinaires poussé par ma curiosité
et mon intérêt pour cet univers ainsi que son expression à travers
les différentes cultures, je suis tantôt tombé sur une drôle de
bête nommée « seitan ».
Ce nom pas vraiment « bien d'chez nous » désigne une
spécialité qui nous vient d'Extrême-Orient qui est un concentré
de protéines végétales de très bonne qualité mais
malheureusement pas supporté par tout le monde puisqu'il s'agit,
grosso modo, d'un pain de gluten.
Pour la petite histoire, c'est une nourriture très ancienne qui
tire ses origines entre Japon (sous le nom de fu) et la Chine
(sous le nom de mian jin). Le nom de « seitan »,
lui, n'est pas si vieux (une centaine d'années), inventé par le
créateur et théoricien de la macrobiotique Georges Ohsawa.
Il a toutefois été déjà bien auparavant une nourriture
appréciée et répandue par les bouddhistes cela depuis des
millénaires.
Et qu'est-ce que cela a d'intéressant ? Eh bien le seitan
est une source de protéine végétale extrêmement riche (avec une
bonne trentaine de pourcentage de protéine au cent grammes), est
extrêmement riche en nutriments (acides aminés soufrés, vitamines B2, fer
et j'en passe) et ne contient ni de cholestérol, ni graisse.
C'est bien beau tout cela mais bon... c'est au moins mangeable ?
Ça a quel goût ?
En soi cela n'a pas beaucoup de saveur (certes un vague goût
carné, difficilement identifiable, entre la céréale concentrée et
la viande un peu fade) et va surtout prendre les parfums que l'on
voudra bien lui donner, soit dans sa préparation initiale, soit au
moment de son apprêt final, donc de le cuisiner. Donc cela peut être
absolument délicieux (comme infâme si on est une bille en cuisine).
Le plus grand risque dans la préparation du seitan est sans
doutes plutôt d'obtenir une texture agréable. En effet, le
cuisinier pressé n'obtiendra pas grand chose de plus qu'un coriace
bout de semelle ou de vieux pneu qu'il mâchouillera pendant 10
minutes avant de se résoudre à le recracher. N'oublions pas qu'il
s'agit de gluten, cette protéine qui rend la pâte à pain
élastique ; avec l'amidon de la farine autour, c'est du gâteau
(hahaha!) mais en version concentrée, c'est vraiment, à cru, plus
proche d'une texture de chewing-gum que d'autre chose. Mais on peut
en faire quelque chose de tendre et moelleux, qui pourra se
substituer tant en aspect qu'en texture un un morceau de viande type
poulet/dinde avec l'avantage non-négligeable de n'avoir aucun risque
que cela ne soit pas assez cuit donc malsain voire dangereux ou, au
contraire, finisse tout sec et fibreux.
Il y a deux méthodes de base pour confectionner du seitan.
L'originelle se fait avec pour base un pain de farine de blé (non
cuit) que l'on lavera patiemment au fil de pluieurs trempage pour en
extraire l'amidon et n'en garder plus que le gluten. C'est la méthode
longue que je n'ai jamais testée à ce jour (et qui fera l'objet
d'un post à venir).
La version simplifiée se fait à base de gluten séché et réduit
en farine. On en trouve de l'excellente qualité dans des magasins
bios en qualité biologique très justement. C'est clairement plus
cher (le gluten pur étant diamétralement plus cher qu'une farine
blanche toute simple), mais c'est plus facile, plus rapide et cela
offre la possibilité de l'assaisonner de l'intérieur. C'est ma
méthode habituelle : je m'amuse régulièrement à ajouter
herbes et épices à ma recette de base pour varier mais ici, je
propose la recette de base toute simple sur laquelle l'imagination
pourra se donner à coeur joie ! Je n'y ajoute qu'un élément
texturant, de l'arrow-root, une fécule extraite du rhizome de la
plante éponyme (que je préfère à une fécule de maïs ou de pomme
de terre qui sont plus difficiles à digérer moins intéressantes en
terme de nutrition et donnent une texture plus visqueuse), et un
élément aromatique léger, de la levure noble, qui donne un petit
goût malté très plaisant.
Le seitan, méthode moderne et rapide
(pour 600-800 grammes de préparation finale)
200
gr. de gluten pur en farine
20
gr. d'arrow-root
20
gr. de levure noble
360
ml. de liquide
Préparer
les ingrédients secs et les réunir dans un plat tout en les
mélangeant bien (à ce moment-là, on peut ajouter des épices ou
herbes sèches pour parfumer et/ou colorer ; il risque du coup
de falloir quelques millilitres supplémentaires de liquide).
Ajouter
le liquide en une seule fois (il s'agira d'eau nature, de bouillon,
salé ou pas, soja, nuoc-mâm, bière, cidre, jus de citron, tout ce
qui tombera sous la main du cuisinier et qui ne sera pas de l'eau de
javel ou du Canard WC) ; j'ai ici simplement employé du dashi, le bouillon d'algue et poisson japonais qui donne un goût formidable aux aliments et développe leur saveur.
Mélanger
le tout en quelques tours de main ou de cuillère en bois (éviter le
fouet sous peine de devoir cuire le fouet avec la masse) de sorte à
former une boule (qui se forme très vite).
Laisser
reposer un moment (une trentaine de minutes suffisent) et pétrir
joyeusement à pleines mais pour obtenir une structure homogène.
Sans que cela soit absolument nécessaire, ne pas hésiter à déposer
le tout sur une planche et carrément à y donner de grands coups de
poing (les pieds étant rarement assez propres) ou de louche de
cuisine, cela ne fera qu'attendrir encore plus la structure et
soulagera le chef de ses tensions.
Pendant
ce temps-là, on aura mis dans une grande casserole de l'eau à
chauffer, à nouveau que l'on parfumera à notre goût (un simple
bouillon de légumes cette fois pour moi). Veiller juste à la
cohérence des épices si on a déjà parfumé la pâte.
Lorsque
cela bout, immerger le seitan cru (que l'on peut, si l'on veut,
portionner avant cuisson) et baisser le feu pour que ce ne soit qu'un
petit bouillon. Laisser buller au moins une heure, voire deux ou
trois : plus cela cuira doucement, plus les fibres du gluten
s'attendriront. Pendant la cuisson, la bête risque bien de remonter
à la surface, il faudra alors veiller à la retourner de temps en
temps ou à la lester légèrement (avec des cuillères de service,
par exemple, une dessus qui fait poids, une dessous qui évite au
produit de toucher le fond de la casserole). Le seitan gonfle à la
cuisson, c'est normal et même bon signe.
Après
cuisson, égoutter et éponger la masse. De là, elle est cuite et
pourrait même être consommée telle quelle. On peut la portionner
(sachant que cela se garde quelques jours au réfrigérateur et sinon
que cela se congèle sans problème) et la cuisiner comme on
cuisinerait un morceau de viande : en émincé, en hachis
(bolognaise, parmentier, chili...), en steak, en rôti... La cuisson
ne servira dès lors qu'à parfumer et texturer, la masse étant, en
soi, déjà cuite.
J'adore
ce produit car il est à même de suivre tous mes petits délires et
toutes mes idées. D'autres posts à son sujet suivront, des essais
de la fabrication longue ou des idées de recette pour l'apprêter et
tromper ses amis les plus carnassiers.
Une recette de seitan nouvelle, mais il y a toujours ds ingrédients difficiles à trouver... Y aurait-il une recette de seitan simple, bonne et facile à faire ?...
RépondreSupprimerEn tout cas merci, c'est jusqu'ici la recette la plus simple.