C'est un événement un
peu particulier qui m'a mené, ce mercredi 18 septembre 2013, au
Beau-Rivage Palace à Genève, une maison pleine d'histoire qui a su
depuis les origines rester une maison de famille, bien éloignée du
luxe des grandes chaînes avec un rayonnement plus humain.
J'avais déjà eu la
chance de me rendre dans cet établissement au prestige acquis et
encore grandissant à deux reprises ; une fois à la table du
chef Dominique Gauthier, dans les cuisines du Chat-Botté, le restaurant gastronomique de l'hôtel ; un chef étoilé émérite, 18
points au Gault et Millau, qui a gagné ses galon à force de travail
et de perfectionnement. J'ai eu l'honneur de le rencontrer, discuter
avec lui et faire la connaissance de son équipe qui correspond à
son image : travailleuse, professionnelle, perfectionniste mais
également humaine, chaleureuse, et tout à fait adorable. Tout cela
m'a immédiatement enchanté et séduit.
J'ai récidivé avec un
événement qui, je l'espère, fera des émules tant le concept est
bon et la gourmandise présente, malgré parfois des petits bémols
qui sont inévitables dans de telles situations. : il s'est agit
de « La Rencontre des Chefs », une soirée où se
retrouvaient dans la même salle 5 grands noms de la gastronomie
romande à savoir Dominique Gauthier, Benoît Violier, Philippe
Audonnet, Philippe Chevrier et Edgard Bovier. Pour la petite
histoire, les cinq chefs offraient à déguster 2 productions chacun
sous forme de petits plats, cela dans un salon du Beau-Rivage.
Cette fois-ci,
l'événement était une première dans les locaux du Beau-Rivage :
il s'agissait d'une rencontre entre les barmen des palaces genevois :
Simone du Président Wilson, Pierre du N'vy, Camille du Kempinski,
Bruno du Métropole et enfin Nicolas du Beau-Rivage.
Dans l'un des salons, le
bel hôtel se proposait de faire de Monsieur et Madame Tout-Le-Monde
les membres du jury d'un soir qui
déterminera lequel de ces cinq barmen aura fourni la prestation la
plus convaincante. Pour ce faire, nous recevons un petit fascicule
descriptif des cocktails, un feuillet pour y noter différents
commentaires et attribuer des notes concernant l'odeur, la couleur,
la technique, l'originalité et le goût. En parallèle, on nous
présente l'ingrédient de base de tous ces cocktails, un rhum Havana
Club ambré. Notons que je n'affectionne pas particulièrement HavanaClub que je considérais jusqu'alors très moyen (ayant eu la chance
de déguster des rhums agricoles que des amis voyageurs ont pu
ramener de Guadeloupe... bon... la comparaison est mauvaise mais
j'aime quand ce que je bois est plus que de l'alcool dans lequel
mélanger du coca...). Surprise alors de découvrir un rhum fort bien
élaboré, « Selecciónde Maestros »,
davantage vieilli et bien plus raffiné, épicé et tout à fait
propre à une dégustation « sec ».
L'un
après l'autre, ils se succéderont derrière un petit bar pour une
démonstration de leur art : ils élaboreront la version
« complète » de leur cocktail et en soumettront des
« échantillons » aux différents membres présent,
accompagnés chacun d'une tapa provenant des cuisines du chef
Gauthier.
Après
ce préambule, buvons !
C'est
Simone du Président Wilson qui ouvre la marche avec un cocktail
nommé « Summer End » : au rhum est ajouté du Soho,
un alcool de lichi doux qui, pur, peut tendre à m'écoeurer, mais
formant une belle harmonie avec les autres ingrédients qui étaient
du jus de cranberry, de la lime et de la menthe. Un rendu final
plutôt doux et fruité, assez féminin et très plaisant.
A
déguster en tapa, une petite tartelette de légumes fine, légèrement
crémeuse et délicieusement parfumée.
Pierre,
du N'vy, nous a proposé une création élaborée avec des barmen
new-yorkais (si j'ai bien compris), le « Mariner's
Revenge » avec certes du rhum, mais également de l'Angostura
bitter, un concentré d'amertume bien balancé avec du sirop de
gingembre fait maison, du citron vert et l'heureuse présence de jus
d'ananas ainsi que de Perrier. Un cocktail étonnant en bouche,
mêlant l’amertume, le fruité, l'acide et le piquant avec une
harmonie certaine.
Avec
cela un petit cube de foie gras de canard enrobé d'une tranche de
canard fumé de belle allure et au bon goût.
Suivons
avec Camille du Kempinski. Son cocktail, le « Copacabana »
dans le fond assez simple, m'a fortement séduit : rhum, jus
d'ananas, citron vert et purée de fraise. En nez, c'est
véritablement le jus d'ananas et l'alcool qui dominent, rappelant
sensiblement une bonne vieille piña colada mais la présence de
fraise vient offrir une belle touche d'originalité mêlé d'une
jolie couleur. Qui plus est, la fraise ne manquera pas à adoucir
l'acidité de l'ananas.
Vitesse
de service faisant que... j'ai totalement zappé la tapa servie avec
ce cocktail.
Bruno,
du Métropole Genève, nous a offert à déguster son « Rebelle »
qu'il compte présenter aux championnats suisses. Sureau, grenadine,
cranberry et ananas entrent dans une danse offrant un nez aux
dominances florales et un final en bouche plus fruité, tout cela
dans un breuvage plutôt corsé. Le mélange est délicat et subtile
et ce dernier m'a particulièrement séduit.
En
tapa, une forme de mini-canapé légèrement doré garni d'une petite
mousse fromagère (un chèvre frais dirais-je?), frais et agréable.
Enfin,
le cocktail de Nicolas du Beau-Rivage, le « Last Chance ».
Avec du champagne, du jus de cranberry, du citron vert et du jus de
sureau. Et là, malheur ! Les goûts étaient bien trop fins,
délicats et élégants pour supporter l'enchaînement de cocktails
précédent ; c'est malheureux car le nez était d'une grande
finesse et a su se laisser apprécier ; mais rien à faire, le
palais n'en pouvait plus.
Ce
dernier cocktail nous offrira simultanément à déguster un petit
saumon légèrement confit, apparemment du coeur de filet avec des
saveurs légèrement asiatiques, fondant et délicieux.
Et
c'est là que l'on s'est particulièrement frappé à un problème
qui a nuit un peu à l'événement : le timing. Tandis que les
barmens auraient pu consécutivement faire le spectacle, offrir à
déguster les échantillons en présentant son histoire et celle de
son cocktail et enfin laissé consommer la petite tapa
d'accompagnement, tout s'est enchaîné beaucoup trop vite : les
barmen se succédaient derrière le bar à un rythme trop soutenu
pour permettre d'apprécier la prestation et les cocktails également
se suivaient sans que l'on ait le temps de les déguster comme il se
doit et de se rafraîchir la bouche en grignotant quelque chose et en
buvant un verre d'eau, ce qui nuit fortement à la dégustation car
au final, on ne peut plus apprécier les saveurs d'un cocktail
« gastronomique ». Sans doute ces petites coquilles sont
du fait d'une « première fois » et d'une certaine dose
de stress.
La
dégustation achevée, on récupère nos petits papiers, on
comptabilise les votes et on désigne l'heureux gagnant qui sera
Pierre, bravo à lui !
Au
final c'est une belle soirée qui aurait dû durer plus longtemps, de
sorte à apprécier spectacle et saveurs. Cela fera sans doute des
émules car le concept est bon. Merci au Beau-Rivage Palace d'offrir
au public des événements un peu différents mais tournant autour de
la gastronomie.
Hôtel Beau-Rivage
Quai du Mont Blanc 13
1201 Genève
Genève, Suisse
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire