Voilà quelques temps, je suis allé au
Prieuré pour un dîner qui m'avait fort plu. Souvenirs d'une cuisine
française classique, bien travaillée, généreuse et raffinée, au
teintes de vieux restaurant chic d'ancienne bourgade.
J'avoue avoir été un
peu surpris en voyant que tout récemment Michel Theux-Bérucq avait
rendu son tablier au Prieuré pour passer du côté du restaurant Le
Leman à Morges, il y a de cela plus d'un an.
Après peu de temps de fermeture, on
découvre un nouveau personnage à la tête de la maison, Monsieur
Hervé Acosta, d'origine auvergnate, ayant déjà passablement
bourlingué, connu dans la région pour avoir géré le Café du
Théâtre à Lausanne.
C'est donc curieux qu'avec mon Frère
je me suis rendu ce 25 mars 2014 au restaurant du Prieuré,
bénéficiant d'une réduction de 50% grâce à LaFourchette.
On retrouve une bâtisse historique
toute de pierres et de volets blancs et rouges, ancienne propriété
des moines du prieuré de Payerne dont l'histoire remonte à plus
d'un millénaire, en 960. Plutôt que de faire un exposé, voici un
lien sur l'histoire du lieu, plutôt intéressante. En attendant,
entrons !
Nous sommes accueilli par un serveur un
peu bourru mais sympathique qui nous mène à notre table. On passe
une salle du genre « pinte » où l'on viendra volontiers
boire un verre en jouant au chibre, on longe un joli bar et on arrive
en salle de restaurant. Je retrouve une pièce que j'ai connue au
temps de l'ancienne gérance mais qui est passée d'un apparat
relativement chargé à quelque chose de plus simple et épuré sans
rien enlever du chaleureux, plinthes hautes blanches, murs jaunes
légèrement habillés tantôt de miroirs, tantôt de natures mortes.
<Les tables sont dressées tout en simplicité et élégance de
nappes blanche et de jolie vaisselle et d’une présence florale.
Notons que le bâtiment possède d'autres salles privatisables et que
l'établissement peut accueillir jusqu'à 300 personnes.
Tout en consultant la carte, nous
commandons une carafe d'eau ainsi que deux verres de Petite Arvine de
la Cave Orsat à Martigny. Le millésime n'est pas spécifié, ce qui
est le cas de plusieurs autres vins de la carte, au demeurant jolie,
bien fournie essentiellement en vins suisses et correctement pricée.
A picoter, des biscuits apéritif mélangés du commerce, sans grand
intérêt, mais l'attention est là.
La carte est petite et bien réfléchie
terroir/saison. En cette période, nous sommes à mi-chemin entre
hiver et printemps, on retrouvera donc des légumes racines tantôt,
quelques asperges et morilles dans d'autres cas, le tout mis en scène
dans un discours de cuisine française classique, presque-même de
bistrot, mais raffinée par le travail du chef.
Dès ce moment-là, le propriétaire
Hervé Acosta entre en salle et y restera toute la soirée, y
distillant une présence discrète, chaleureuse, serviable et
plaisante. Ce Monsieur aime manifestement son métier, une passion,
et cela se voit.
Un amuse-bouche nous est offert, ce qui
est toujours apprécié. Il s'agissait d'un petit velouté de
carottes crémeux et gourmand, augmenté de tranches de magret fumé.
C'est très agréable en bouche. Mon Frère ne mangeant pas de
viande, le patron a eu le bon réflexe de lui servir l'équivalent
sans viande.
Mon entrée sera le «Tartare de bar aux fruits de la
passion« : une portion plutôt généreuse de poisson fin et
délicat, coupé en cubes assez gros ce que j'apprécie
personnellement m'est présentée. L'assaisonnement est très juste
entre salé, sucré et acide pour un résultat très rafraîchissant
et plaisant. Un petit mesclun arrosé d'une vinaigrette bien
agréablement acidulée et de petits toasts complétaient cette
entrée fort appréciée.
Mon Frère a opté en entrée pour la
« Fricassée de champignons, fusette grillée à la crème de
truffe blanche c : à nouveau une assiette gourmande de
champignons bien sautés, apparemment essentiellement de la variété
des pleurotes (mais je n'ai su les détailler précieusement), bien
brillants et riches en senteurs. Je n'en ai pris qu'une petite
fourchetée et ai été surpris par les saveurs proches de celles
d'une viande ; je ne suis pas coutumier de la truffe blanche
mais ai entendu ce genre d'échos de personnes plus expérimentées
que moi. C'est très intéressant. Le tout augmenté d'une fusette
grillée pour ajouter volume, couleur et gourmandise. Belle assiette
qui m'a peut-être semblée un peu grasse mais qui a beaucoup plu au
dégustateur.
En plat, j'ai choisi la « Caille
désossée farcie aux champignons, polenta à la tomate séchée ».
Un beau travail dans l'assiette que cette délicate caille bien
désossée avec maîtrise et propreté, farcie de champignons sautés
et joliment rôtie. La chair est tendre est goûteuse, qui plus est
nappée d'un jus très plaisant de viande. Une petite polenta bien
cuite, toute simple, pas grasse et appréciable, parfumée de tomate
séchée, sert de piédestal à la préparation. Le tout est enfin
entouré de quelques petits légumes, de la côte de bette de la
carotte et du brocoli juste blanchis et une petite crème
(d'artichauts dirais-je). Un beau plat bien réalisé.
Mon Frère a cédé à la « Sole
de Bretagne rôtie meunière, purée citronnée » ; le
poisson noble est présenté sous sa forme la plus commune, meunière,
cuite sur arête et augmentée d'une poignée d'amandes effilées
légèrement grillées. La cuisson est simplement parfaite et le
résultat est là : chair ferme et nacrée s'ôtant néanmoins
facilement de l'arête, « croûte » goûteuse et
légèrement croustillante. On ajoute à l'ensemble une quenelle de
purée de pommes de terre et des légumes semblables aux miens pour
un plat qui à beaucoup plu à son commanditaire.
Avec ce repas des plus plaisant, nous
avons partagé une désirée de « Cuvée du Docteur »
2012 de l'Union viticole de Cully, un Pinot noir bien travaillé,
frais, fruité et pas trop corpulent qui a correctement suivi nos
deux plats.
Notons encore le pain des plus
satisfaisant, un mélange de pain complet aux céréales et de pain
mi-blanc de très bonne qualité.
Place au dessert ! Mon frère
choisit les « Profiteroles à la crème de Williamine et poire
pochée » : c'est une copieuse assiette qui lui arrive,
garnie de trois profiterole comme je les aime, à savoir légèrement
croquante à l'extérieur et moelleuse à l'intérieur, garnie de
crème parfumée et généreusement nappée de chocolat chaud et
quelques mouchette de chantilly apparemment parfumée à la tonka.
Une petite et onctueuse poire pochée vient compléter cette assiette
gourmande et bien réalisée.
Pour ma part, sans être encore affamé,
je cède pour la suggestion du jour, à savoir un un canelé. Et
celui-ci m'arrive dans le plus simple appareil, certes, mais fort
bien réalisé, caramélisé et croûté à l'extérieur pour révéler
un intérieur d'une moelleuse gourmandise. En guise de mise en scène,
un petit tartare de fruits frais, ananas et un autre fruit que je ne
suis pas parvenu à identifier, et une coupelle de crème qui m'a
semblé être de la crème double (je ne suis pas un grand expert en
la matière). Un dessert plutôt léger qui ne néglige pas la
gourmandise, parfait pour une finale douce sans faim.
Deux cafés et l'addition se montant,
avec le rabais (50% sur la nourriture), à 132 francs grosso modo ce
qui est des plus raisonnable. En revanche, le prix plein m'aurait
peut-être paru un peu élevé, quoique pas absolument excessif.
Pour conclure, ce fut un excellent
repas, sans fausse note particulière, une cuisine travaillée,
raffinée sur un thème des plus classiques, des produits choisis et
bien traités, il n'y a rien à dire, le Prieuré a amplement de quoi
réussir, surtout avec son sympathique patron, présent partout,
attentif et passionné.
Avenue du Prieuré 2 A
1009 Pully
1009 Pully
Vaud, Suisse
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