Cela fait un bon moment que j'entends parler du Ticino, à
Lausanne, et que je souhaite m'y rendre. Suite à une soirée cinéma,
ce sera chose faite ce 8 février 2014.
Difficile d'avoir plus pignon sur rue, droit en face de la gare de
Lausanne, le Ticino ne désemplit pas , midi et soir. Admettons que
sa notoriété n'est plus à faire et qu'il y a fort peu de
restaurants qui, aujourd'hui, peuvent se targuer d'exister depuis
plus de trente ans et suivant toujours une même ligne de conduite
tant dans sa proposition culinaire que dans sa constance. La foule
qui s'y presse semble être un juste tribut à leur qualité.
On constate directement que, malgré une donne pas forcément
flatteuse, les propriétaires ont su créer un cadre plutôt
agréable. Une petite véranda vient couper le sentiment de proximité
avec la route tandis qu'à l'intérieur, de massives poutres de bois,
une cheminée et un bar en bois viennent créer une atmosphère
originale et chaleureuse.
Les murs sont parfois de plâtre augmentés des blasons des
communes tessinoises, tantôt de brique apparentes et dans ce cadre
se multiplient de petites tables qui, quoique serrées, sont
chaleureuses, joliment dressées, assez confortables et plaisantes.
Manquera juste l'intimité, quoique cela soit plutôt le genre de
lieux où il y aura toujours un voisin pour rire et parler fort
tandis que l'on tentera de parler discrètement.
La faim gronde, voyons la carte. Celle-ci est ma foi plutôt très
grande et serait du genre à me rendre méfiant. Naturellement, la
position « près de la gare » demande presque
obligatoirement de tâcher de plaire au plus grand nombre. Après
discussion avec le patron, cette carte, si grande soit-elle, est le
résultat d'un choix des clients durant les longues années
d'ouverture du Ticino. Cela témoigne d'une belle écoute en tout
cas, et pour en avoir vu sortir ce soir-là, tout paraissait fort
bien réussi. Des risotti servis dans des seaux en bois, viandes
grillées, poissons, fruits de mers, (ces trois derniers sont en
quantités moindres à la carte, bon indicateur), et des spécialités
tessinoises ainsi que des pierrades à mon sens « comme il
faut », à savoir avec la viande à côté de la pierre que
l'on cuira à notre rythme. Une certaine attention est observable à
la saison et soulignons enfin que le lieu propose des quinzaines à
thèmes, en l’occurrence il s'agissait du roesti.
Et pour bien souligner la thématique, voici une corbeille de bon et frais pain tessinois qui nous arrive. Un petit rien qui met dans l'ambiance!
On commence par des entrées simples et légères. Ma convive
prendra la bête salade verte ;
Tandis que pour ma part, je commence par une « Salade
mêlée » : une simple et plaisante assiette composée de
maïs, trévisse, concombre, carotte, tomate, endives, céleri et
laitue ; toutes deux propose un assortiment bien frais, juste
nappée d'une vinaigrette manifestement maison de fort bon aloi, bien
acidulée et rafraîchissante. Cette assiette contient tout ce que
l'on peut attendre d'une salade mêlée de bistrot, la fraîcheur, la
simplicité et une sauce maison.
Pour la suite, nous puiserons tous deux dans la suggestion de
plats typiques tessinois avec le « Coniglio « Lapin »
saltado in padella à la moutarde servi avec polenta » :
très rare, trop rare de trouver un lapin à la carte d'un
restaurant, pourtant une viande délicate et goûteuse, pour autant
que l'on fasse l'impasse sur l'affect. Un réchaud nous est amené et
la serveuse s'approche avec un grand sautoir à la main, richement
rempli ; Ici le lapin est apparemment nappé de moutarde pour
ensuite être saisi à la poêle puis déglacé et mis à mijoté
dans une sauce de fond brun parfumé d'herbes et riche en moutarde,
finalement lié de crème. La portion est généreuse de découpes
bien entendu avec os, et dans l'histoire, les stars, ce sont le lapin
et la sauce, qui sauront venir à bout des appétits les plus
féroces. Et à grande joie car la viande délicate est fort bien
cuite, encore tendre (sinon quelques morceaux à peine sur-cuits), et
presque fondante, dans cette sauce riche et savoureuse.
A côté, une jolie portion de polenta (interchangeable avec du
risotto) ma foi un peu inhabituelle, une recette, aux dires du
patron, propre au Ticino (qui, à l'origine, la préparait
authentiquement au chaudron sans pourtant recevoir le succès
mérité) ; une semoule de maïs assez grossière, fort bien
préparée, un poil crémeuse et bien gourmande, accompagnement
traditionnel et parfait de ce plat.
Ce plat est un bonheur, simple, un peu rustique, ménager et
rassurant, tout en étant différent de la proposition habituelle
dans la restauration du coin. On ne regrettera que la flagrante
carence en légumes dans ce plat, légumes qui seraient à mon goût
bienvenues (simplement revenus à la poêle ou juste blanchis). Avis
personnel, le légume est à mon sens une nécessité dans un repas.
Du coin de l'oeil, je repère que la « Tarte du jour »
est une tarte au citron. J'adore ce dessert et ne peux y résister.
Une tranche des plus généreuse est servie et se suffit à elle-même
dans l'assiette. Sur une pâte originalement feuilletée (ce qui n'a
rien de désagréable. Au goût, je doute que la pâte fut maison,
difficile toutefois de jeter la pierre au chef. Mieux vaut une bonne
pâte achetée qu'une pâte maison ratée), un appareil crémeux et
onctueux, gourmand, riche et légèrement acidulé, comme on peut
attendre d'une tarte au citron. Plus acide ne m'aurait pas dérangé
mais elle reste fort bien réalisée.
Côté boissons, nous nous sommes hydratés d'un demi-litre
d'Heiniez verte ainsi que d'une carafe d'eau.
En sus, une bouteille de « Merlot del ticino Delea »
en désirée, sur conseil de la serveuse qui s'est étonnamment
abstenu de le faire goûter. C'est un vin simple au prix assez doux,
sans défaut, offrant un plaisir sans splendeur mais très correct.
Pour les moins, signalons que le stockage, sur le bar, n'est pas une
bonne idée puisque le vin sera bien entendu trop chaud. De plus, mon
objectivité m'empêche de ne pas signaler que nous n'avons pas
dégusté le vin (la serveuse, sympathique au demeurant, étant
sensiblement trop pressée pour faire plus que l'ouvrir et le
servir).
Le tout pour le prix raisonnable de 105.80 CHF.
Samedi soir, impossible de ne pas être impressionné par
l'endurance et l'efficacité des trois serveur, le patron comptant
parmi eux. Les tables s'allignent, les plats aussi et c'est un ballet
joyeux et energique qui possède le Ticino.
Pour avoir tant entendu parler du Ticino, je ne sors pas déçu
pour deux sous, même avec l'envie d'y retourner pour savourer
d'autres mets typiques.
Que cela soit pour un moment en famille, un dîner rapide, entre
copains ou en solo, le Ticino est de ces lieux simples et rassurants,
de ces vieilles institutions qui ne s'endorment pas sur leur lauriers
pour toujours donner le meilleur et maintenir une personnalité et un
côté familial, malgré l'emplacement souvent lucratif mais peu
flatteur d' « en face de la gare ». J'y retournerai avec
plaisir et remercie tout le staff qui s'est montré des plus
charmants.
Place de la Gare12
1003 Lausanne
Vaud, Suisse
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