Lorsqu'on possède une passion, je ne pense pas qu'il soit
raisonnable d'attendre uniquement qu'elle soit nourrie par les
autres, cela au propre comme au figuré.
Sans être tombé dans la marmite quand j'étais petit, je me suis
mis aux fourneaux à mes vingt ans et trouve dans la cuisine une
véritable pause dans l'intensité d'une journée. Un resto par
flemme de cuisiner ? Très peu pour moi : et je ne parle même pas de
tous ces symboles du culte de la malbouffe que représentent les
fast-food ou les barquettes à balancer au micro-onde ; cela jamais
plus, j'ai d'ailleurs banni l'appareil de la cuisine.
J'aime cuisiner, choisir mes produits, les découvrir, les
comprendre et les travailler. Sans expérience inculquée par un
apprentissage familial ou professionnel, je pars souvent d'un produit
et d'une idée et cherche à atteindre un objectif plus ou moins
établi à grands coups d'improvisation. Le résultat est
majoritairement bon, parfois meilleur que d'habitude, mais jamais
immangeable (ce qui, les premières fois, n'est pas forcément
gagné). Côté dressage,c'est jamais top : entre manque
d'organisation, de vaisselle et parfois d'adresse, ce n'est pas un
domaine pour lequel je suis à mon avantage.
En parallèle, si j'ai assez tôt apprécié boire du vin, je
n'ai commencé à véritablement le goûter et cherché à le
comprendre qu'il y a peu.
J'ai encore beaucoup de route à faire, et les sentiers du goût
sont infinis avec pour seule limite (autre que basiquement
matérielle) l'imagination.
Mon objectif à travers ce blog étant d'exploiter les différents
domaines du monde du goût que je visite, j'opte pour partager
certains repas ou essais que je fais à la maison.
A l'occasion d'une petite invitation, retrouvailles de longue date
avec des amis, j'ai voulu prendre le temps de préparer un bon dîner
ce 24 août 2013.
Au programme un menu quatre plats de mon cru, servis avec trois
vins provenant de ma cave préférée,
le Passeur de Vins.
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Lundi, Valentin Valles, 2012 |
Pour accompagner l'apéritif et l'entrée froide, un petit rosé
nommé Lundi, produit par Valentin Valles à
Saint-Quentin-la-Poterie, dans le Languedoc-Roussillon, 2012. Je
regrette d'avoir encore trop peu de culture pour mettre en mots mes
dégustations. Si je suis habituellement peu friand de rosé, ça
j'aime ! Un rosé à la robe intense, presque fushia, très
frais avec un petit pétillant mais surtout très fruité et
extrêmement bien construit. Typiquement le genre de rosé qui me
réconcilie avec une majorité que je trouve bien souvent
inintéressante. Peu d'informations complémentaire sur internet, sans doute dû la la jeunesse du vigneron, qui n'oeuvre apparemment que depuis 2011.
L'entrée froide fut une variation autour du gaspacho : les bases
étaient là, tomates, poivrons, concombre, oignon et ail ; mon grain
de sel était l'ajout de lentilles rouges qui ont ajouté une jolie
onctuosité et une certaine douceur, ainsi qu'un doigt de Marsala.
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Gaspacho aux lentilles rouges, mouillettes de pain au levain à
l'ail et à la moutarde |
Après les accords mets-vins, voilà qu'arrivent les accords
mets-pains car j'ai confectionné en plus de cela un pain au levain à
base de farine de sarrasin, moutarde de Meaux et ail pressé qui,
toasté et servi comme des mouillettes, se marie très bien avec la
soupe froide.
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Pain de farine de sarrasin ensemencé au levain,à l'ail et moutarde de Meaux |
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J'ai suivi avec un peu plus d'audace : une pâte à raviole
complète (pas hyper simple d'éviter un côté granuleux, je m'en
suis plutôt bien sorti) farci d'une sorte de crème à base d'
aubergine violette et de féra travaillée comme un gravlax. Cette
farce était onctueuse et très parfumée, j'en étais content. Au
service, un petit jus un peu émulsionné à la citronnelle,
gingembre (assez corsé le gingembre).
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Raviole d'aubergine violette et de féra travaillée comme un
gravlax et zeste de citron, sauce mousseuse au gingembre et
citronnelle |
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Féra travaillée comme un gravlax |
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La Lune, Domaine de la Sansonnière, 2011 |
La Lune a accompagné ce plat : La Lune, Vin de Table du
Domaine de la Sansonnière, 2011 : un vin de la Loire, vin
naturel, issu dûne culture en biodynamie travaillé par Mark et
Martial Angeli à 100% à partir de chenin. C'est un vin
véritablement captivant : une robe jaune pâle à quelques
reflets dorés, un nez doux et floral avec quelques notes de miel
pour aboutir, en bouche, à une plongée dans le fruit. Je ne peux
pas aller plus loin dans l'analyse, en néophyte que je suis de la
dégustation. C'est un grand vin, frais, fruité, intense et doux à
la fois, vibrant et juste complet.
Le plat de résistance était un rôti de boeuf saisi en croûte
d'herbes (thym citron, romarin, origan, ail et oignon) et cuit à
basse température. J'adore cette méthode de cuisson qui permet
d'obtenir une chair tendre et juteuse, de chauffer ses assiettes et
de profiter de ses invités.
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Rumpsteak de boeuf boeuf en croûte d'herbes cuit basse température, sauce au fond de
viande, vin rouge, herbes et épice, légumes
méditerranéens |
Avec cela, simplement quelques légumes de saison (aubergine,
poivrons de trois couleurs, courgettes de deux, carottes) que j'ai
juste braisé et laissé finir de cuire avec la viande.
Une petite sauce enfin, au vin rouge et fond de viande, dans
laquelle ont été infusées des herbes (romarin et thym citron) et
épices (vanille, genièvre, cannelle, poivre).
J'ai servi avec ce plat une Sierra du Sud, un Côtes du Rhône du
Domaine de Gramenon, 2010, travaillé par Michèle Aubéry-Laurent à
Montbrison. Ce vin a toute une histoire pour moi car il a
probablement marqué la naissance de mon intérêt à la dégustation
de ce breuvage. Lors d'une heureuse invitation au
Cerf de Cossonay,
j'ai pu en goûter un verre qui m'a laissé pantois d'admiration.
J'ai cherché par la suite à m'en procurer ce qui m'a conduit dans
une petite boutique relativement jeune sur Lausanne (et existante
depuis plus longtemps sur Genève,
le Passeur de Vins, LA cave que je
recommande pour ses vins et ses conseils). Depuis, c'est là-bas que
j'y achète mon vin quand je désire une bonne bouteille, de belles
découvertes ou simplement pour discuter avec le sommelier sur place
qui, à la longue, est devenu un très bon pote.
Ce vin donc... travaillé à 100% sur de la Syrah de manière
naturelle. Pour la dégustation de ce vin, mieux vaut le carafer au
moins une petite demi-heure en avance, pour couper un peu du
pétillant et lui permettre de s'ouvrir. Il révèle alors un rouge
sombre et intense, au nez fruité mais avec également des petites
notes de tabac. En bouche, les baies se révèlent plus encore (la
fraise), des notes poivrées, des tanins présent mais assez sages.
Un vin de soif, très riche, à déguster absolument (ce qui
permettra au lecteur curieux de se faire ses propres définitions
sans doute plus éloquentes que les miennes).
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Sierra du Sud, Domaine de Gramenon, 2010 |
Finalement en dessert, on joue la légèreté avec de fines
tranches de pêche blanche juste saupoudrée de cassonade légèrement
passée au chalumeaux et une boule de sorbet à la mangue thaïe
préalablement macérée dans du citron vert et du cognac.
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Sorbet mangue thaïe macérée au citron vert et cognac servi sur
un carpaccio de pêche blanche |