C'est toujours un plaisir de retourner au Bleu Lézard, que cela
soit pour y dîner, y siroter un verre ou participer à une soirée.
Une première pour moi ce vendredi 22 novembre 2013, un
« dîner-concert » ; en effet, pour qui ne le
saurait pas, la cave du Bleu Lézard possède une très belle offre
culturelle et malgré son apparente modestie, reçoit des groupes
parfois de renommée internationale, parfois plus méconnus. Ces
soirées là, autant dire que le restaurant est encore plus plein que
d'habitude et qu'autant la cuisine que le service doivent redoubler
de vigilance et d'efficacité pour offrir une prestation digne du
Bleu.
Le lieu a véritablement pignon sur rue, à l'orée de la vieille
ville de Lausanne, dans les parties hautes du centre, jouissant d'une
accessibilité excellente (avec pas mal de parking alentour, Mon
Repos et Caroline, et bien sûr les transports publics plutôt
fluides). De l'extérieur, on reconnaîtra la façade éclairée au
néon bleu électrique et on devinera un lieu convivial, jeune et
chaleureux à travers les vitres.
Le Bleu est un lieu idéal pour lier culture et gourmandise et
c'est bien là le programme de la soirée, accompagné de trois
autres convives. Réservation indispensable prise, nous sommes
accueillis dans une salle déjà comble d'une foule bigarrée de tout
âge et de tout style. On est dans une ambiance festive, un peu
agglutinée, plutôt bruyante mais cela fait partie du Bleu, et
quelque part, on y va en toute connaissance de cause sans moins s'en
réjouir.
D'un côté, une estrade absolument surpeuplée, d'un autre une
salle dans un côté rentrant de l'établissement où l'acoustique
est sensiblement plus modérée et où l'on gagne quelque centimètres
carré d'espace vital compté par personnes. Hautes vitres tout
autour de la salle, un long bar où s'active le personnel plutôt
jeune avec rapidité, professionnalisme et sourire. Sur le côté
dudit bar, un grand plateau regorge de pop-corn toujours servi comme
« grignote » lorsque l'on vient boire un verre.
Les tables sont laissées très brutes, bois nu, un peu fatigué,
sombre, idem pour les chaises, recouverts de set de table aux
couleurs du Bleu, avec en l’occurrence une publicité pour « l'eau
de la maison », simplement une eau du robinet filtrée,
purifiée et reminéralisée (gazéifiée ou non) nommée
« vivreau ». Nous attendent carte des boissons et
quelques olives pour patienter.
La carte nous est présentée et le choix reste toujours
difficile : une carte de saison, pas trop grande, comme on les
aime, avec un joli choix de tartares et de salades gourmandes, mais
également des burgers, un petit choix de pâtes et riz (toujours
précisé Carnarolli, un réel témoignage de choix du produit), 5
entrées, 2 poissons, quelques viandes et un choix de desserts
appétissants.
Trop difficile de faire un choix, consultons les menus, 5 au
total, tous très gourmands et dans une moyenne de prix de cinquante
francs, tous proposant entrée-plat-dessert en laissant toujours au
minimum une alternative par service.
Pour adoucir nos hésitations, on commende le vin du mois, une
bouteille de Ojo de Agua 2012 , un Malbec argentin produit par un
suisse dont le nom n'est pas inconnu, Dieter Meier (oh yeah).
Pour s'hydrater un tant soit peu, une grande bouteille d'Heiniez
verte.
A la table nous nous décidons pour trois menus « Chasse »
et un « Océane » :
Deux entrées « chasse » furent le « Velouté
de châtaignes aux légumes oubliés, cristallines de chou rouge et
crème fouettée ». Pour un velouté on sent un joli effort de
mise en valeur de l'assiette. Le velouté est plutôt épais, aux
saveurs très douces et réconfortantes et très bien réussi, un
goût marqué de châtaigne et un sucré profond qui m'a rappelé le
panais se distinguaient particulièrement. Trois mouchette de crème
légèrement aérée apporte un peu de légéreté à l'ensemble qui
se couronne de lamelles fines de chou rouge caramélisé apportant un
rien de croustillant et surtout une mâche très agréable.
Le
troisième convive « chasse » séléctionne l'autre
proposition d'entrée, la Terrine de sanglier maison, chutney
mendiants et saladine d'automne qui avait fort belle allure et qui a
semblé être une réelle réussite.
L'entrée
« Océane » fut un « Le nordique »m un
tartare composé de filet de saumon de Norvège coupé au couteau,
d'échalotes, de Grany Smith, d'aneth et de jus de citron, proposé
avec une saladine et quelques toasts, couronné de rondelles d'oignon
dirais-je. Cette entrée de bonne allure à entièrement satisfait le
dernier convive.
Côté
plat, le sanglier a remporté tous les suffrages pour le menu
« Chasse ». Trois assiettes de « Confit de sanglier
aux baies de bois » nous arrivent, servis avec « polenta
moelleuse, courge poêlée, chou rouge aux pommes, chutney de
châtaigne au balsamique, poire aux épices ».
Les
plats sont biens servis et malgré un dressage peut-être un peu
frustre (et j'ai pu voir beaucoup plus beau au Bleu), ils donnent
envie « d'y aller ». Il faut avouer un rien de déception
au moment de la dégustation de la viande ; lorsque je lis
« confit », je m'attend à du moelleux, du fondant ;
là, la texture était plus proche de celle d'un civet, en un peu
plus sec, malheureusement. Pour en terminer avec les doléances,
l'assiette manquait de chaleur. Notons bien que j'ai refusé que l'on
me la réchauffe (chose qui m'a été illico proposé avec une juste
réactivité) car je ne voulais simplement pas que cela sèche
l'ensemble du plat et de par le fait que la dégustation ne pâtissait
pas vraiment de cela.
La
viande est néanmoins bonne, avec ce joli caractère que l'on attend
du sanglier, présenté dans son jus très agréablement parfumé aux
baies. A ses côtés, une coupelle de polenta fort bien réalisée et
gourmande, très bon choix au demeurant, on ne pense que trop peu à
accompagner une chasse de polenta, quelques petites lamelles de
légumes joliment cuit et un tronçon de courge poêlé sur lequel se
retrouvaient chou rouge aux pommes et un excellent chutney de
châtaigne, le tout avec une poire pochée en guise de finition. Un
plat qui a offert beaucoup de plaisir malgré les petites coquilles.
Côté
« Océane », le « Filet de daurade poché à la
citronnelle, légumes croquants et crème «façon satay » et
son riz aux châtaignes » one beaucoup plu : il s'agissait
en fait d'une dorade entière, filetée, très bien cuite et
délicatement parfumée, augmentée d'une sauce gourmande. Ce plat a
beaucoup plus à l'intéressé.
Pendant
le repas, un joli pain mi-blanc très correct nous est servi et on
demandera du rab' de vin (5dl. du même) et une bouteille d'eau
supplémentaire
Les
desserts étant à choix pour tous les menus, ils seront quatre
différents :
Une « Crème brûlée à la pomme et cannelle » de belle allure, manifestement joliment caramélisée et que semble avoir plu.
Un
« Tiramisù à la châtaigne crémeuse et croustilles de
meringue » de présentation originale, avec une belle présence
du café en plus des saveurs attendues ; pas léger mais
délicieux.
La
« Tarte Tatin, glace artisanale au choix » a semblé
parfaitement exécutée et se verra accompagner d'une glace
speculoos.
Enfin
pour moi, un peu de légèreté avec les « Quartiers d'ananas
confits à la vanille puis rôtis, glace Pina Colada ». Jolie
assiette, aérée et bien dressée avec ses quartiers d'ananas en
éventail fondant joliment parfumés avec à ses côtés, une glace à
la saveur fort bien choisie et dans laquelle on retrouve bien tous
les marqueurs du fameux cocktail. Si je devais chercher la petite
bête, j'ôterais la menthe de ce dessert qui, certes, apporte un peu
de diversité de couleur, mais qui est gustativement peu heureux avec
l'ensemble.
Pas
de café, un concert nous attend aux sous-sols, et en même temps que
l'addition nous recevons un bon chacun pour un drink durant la
soirée. On en aura pour 282 CHF (auxquels on déduira 100.- de bons
cadeau), prouvant encore une fois que le rapport qualité-prix-plaisir
est exemplaire et peu répandu « par chez nous ».
Le
Bleu est décidément un lieu plaisant, attractif, autant au niveau
de la cuisine, du service, de l'ambiance, du cadre et de l'offre
culturelle. C'est toujours un plaisir de s'y rendre et je me réjouis
d'y renouveler une visite. A toute l'équipe un grand merci !
Le
Bleu Lézard
1003
Lausanne
Vaud,
Suisse