J'ai eu la chance d'obtenir un fameux livre rouge assez convoité,
essentiellement dans la région vaudoise. Il s'agit du Passeport
Gourmand.
Pour qui vit à l'étranger ou est alors enfermé dans une
pièce sombre sans fenêtre avec uniquement un ordinateur pour lire
ce blog, le Passeport
Gourmand est un carnet d'adresse de restaurants affiliés
proposant de savourer un repas en compagnie choisie à moindre frais.
Bref, puisqu'il faut bien en choisir un dans ce vaste choix (plus
de 100 dans la région vaudoise) et qu'il faut bien commencer quelque
part, ce 20 décembre 2013 au soir nous nous rendons joyeusement à
Romanel-sur-Lausanne, charmante bourgade de région lausannoise, pour
découvrir en plein centre, juste au-dessus le la gare du LEB, la
Charrue, n'offrant aucune difficulté pour parquer à côté.
La Charrue est une auberge établie dans une ancienne maison de
campagne retapée d'allure simple et charmante, façade blanche,
volets rouge et blancs sur fenêtres tantôt arquées, tantôt
rectangulaires.
Une fois à l'intérieur, on se trouve dans une sorte de vestibule
menant, à gauche, sur une salle simple de type bistrot de village,
hautes plinthes boisées et mur brut blanc, quelques tableaux ou
bibelots au plafond, tables en bois brut laissées nues avec un
mini-palmier comme habitant, bar et ouverture sur la cuisine.
A droite, une salle plus coquette, fort charmante et très
agréablement mise en valeur ; murs jaune marbré sur hautes
plinthes blanches, sol sombre en parquet flottant, tables espacées
et élégamment dressées, nappe ou chemin de nappe couleur crème
surmontant une sous-nappe couleur taupe, mini sapin en pot et
arrangement hivernal sur assiette en décoration, chaises
confortable.
Délicatement réparties dans la salle, quelques discrètes
décoration révélant la mixité du lieu, entre cuisine
traditionnelle et marocaine, tajines, tableaux et lampes tressées.
Nous sommes accueillis avec professionnalisme par l'apparent
responsable des lieux et menés à notre table. On nous propose
illico un petit apéritif, ce sera deux verres de Johannisberg dont
je n'ai, honte à moi, pas pris le détail, au demeurant présenté à
la table et servi uniquement après l'avoir fait déguster.
Peu après, la carte nous est apportée par le second serveur de
la soirée, un jeune homme en formation semble-t-il.
Une carte agréablement réduite, essentiellement composée de
mets traditionnels sur un discours de saison, fleurant bon la
fraîcheur et le travail de cuisinier, offrant largement de quoi
faire plaisir tant aux carnivore, aux piscivores qu'aux végétariens.
En sus de cela, quelques perles offrant un brin de soleil
marocain : je parlais avant de mixité, en effet, le patron
possède des origines marocaines qu'il restitue à la carte sous un
petit choix de mets marocains, trois entrées, trois plats (dont un
introuvable, la pastilla, sorte de tourte de feuilles de brick au
poulet) et un dessert.
Le choix est assez vite fait pour ma part entre Europe et Maroc.
Ma Maman fait son choix en parallèle et c'est parti pour le show !
En entrée, ma convive prend une simple salade mêlée, sauce
commandée à côté. Salade tout ce qu'il y a de plus simple et
classique, au moins fraîche, composée d'un mélange de feuilles,
carottes et rondelles de tomate, bref la salade mêlée comme on la
trouve partout, ni plaisante, ni déplaisante à défaut de la sauce
proposée qui n'est manifestement pas faite maison.
De mon côté, une soupe harira, traditionnelle soupe de tomate
marocaine. Un bol portant couleurs et épices m'arrive, avec comme la
tradition le veux, deux petites assiette, l'une comportant une datte,
l'autre une rondelle de citron. C'était la première fois que je
dégustais une telle soupe mais pour en avoir lu des recettes, je
m'étonnais de la texture liquide : connaissant la théorique
présence de pois chiches, je m'attendais à quelque chose de plus
lié. Autre surprise, la présence de pâtes apparemment de type
penne un peu défaites. Ce sont des surprises qui n'influencent pas
autrement mon impression, ne connaissant pas toutes les subtilités
de la recette. Néanmoins, une belle richesse de saveur, d'épices
mêlées et d'herbes fraîchement ciselée (essentiellement
coriandre) des goûts terriens reconnaissable de pois et lentilles,
c'était très plaisant et réconfortant.
En plat, ce sera le bar en filet grillé garni d'amandes effilées.
Un grand classique mais très bien réalisé, le poisson est très
joliment cuit et bien parfumé, peau croustillante et chair
respectée. Est servi avec cela un petit écrasé de pommes de terre
et un mélange de légumes, tous deux en portion correcte. Une
assiette qui a beaucoup plu à la dégustatrice.
Pour ma part, pas assez d'appétit pour m'envoyer la pastilla, ce
sera la tajine de poulet au citron confit. Dans son plat en terre
cuite, ce morceau de voyage m'arrive, généreux en flaveurs et en
quantité. Et, temps de fêtes oblige, il ne s'agit pas de « simple »
poulet, mais bien de la pintade, une bonne demi-bête. La viande est
magnifiquement caramélisée, confite, croustillante à l'extérieur
et juste moelleuse à souhait à l'intérieur. Elle a été
généreusement nappée de chair de citron confit et se retrouve
accompagnée d'une belle portion d'olives noires et vertes, d'un
pruneau (probablement une erreur dans la matrice (:-p)), un quartier
de citron confit et une jolie portion de légumes. Le tout est enrobé
de saveurs chaudes et épicées, un bonheur de saveurs si entremêlées
qu'aucune ne prend le dessus.
On n’oubliera pas de mentionner avec délice la jolie semoule
qui accompagne le plat, parfumée aux raisins secs et légèrement
épicée, parfaitement cuite.
Ce plat fut un vrai bonheur. Pour les amoureux de saveurs fortes,
on ne se refusera pas le plaisir de demander un petit pot de harissa
de très jolie facture, peut-être maison, assurément de production
artisanale.
Côté boissons, nous avons accompagné notre repas de 75 cl
d'Heiniez vertes complétée d'une désirée d'un très plaisant
Pinot Noir « Terre Neuve » 2012 par David
Kind de Saint-Prex qui fut de belle compagnie. On notera
d'ailleurs une carte des vins plutôt intéressante, essentiellement
locale et de choix agréable avec comme présence remarquable
notamment le travail d'un certain Raymond
Paccot de Féchy qui n'a plus à faire ses preuves.
On finira en douceur pour ma part, seul dessert de la table, ce
sera la salade d'orange à la fleur d'oranger accompagnée de sa
glace cannelle. Un dessert simplement et élégamment présenté,
fines rondelles d'orange agréablement mûre augmentée d'une eau de
fleur d'oranger très présente qui pourrait s'avérer un poil
écoeurante à la longue. C'était sans compter sur la sage
adjonction d'une boule de glace cannelle que j’apprécie fortement
qui apporte tout son piquant à l'ensemble et quelques copeaux
d'amande caramélisée pour le croquant, au final un dessert très
complet et fort plaisant !
Et un ultime café avant de demander l'addition qui s’élèvera
à 151.40 CHF en prix plein, réduit à 100.40 grâce au Passeport
Gourmand.
Un mot sur le service en général : le patron comme son
apprenti sont d'une grande douceur avec une réelle envie de bien
faire et beaucoup de professionnalisme. Il faut tout de même
signaler qu'ils manque peut-être tous deux d'un oeil permanent sur
la salle, cette espèce de vision d'ensemble permanente si utile à
un serveur, ce qui peut rendre l'appel un peu difficile. Néanmoins
ce repas fut sans accroc et extrêmement satisfaisant. J'ai adoré
mon petit voyage épicé et ne me refuserai pas le plaisir d'y
retourner pou la pastilla !
Un grand merci !
L'Auberge de la Charrue
Route d'Echallens 1
1032 Romanel-sur-Lausanne
Vaud, Suisse