lundi 22 septembre 2014

[Archive Turquie 2013] Çiya Sofrası, Istanbul


Le côté asiatique d'Istanbul et particulièrement le quartier de Kadıköy est vraiment un coin que j'apprécie beaucoup et qui plus est, me nourrit bien !

Et pour preuve : deux jours de suite je fais la traversée (dont je ne me lasserai jamais) pour y manger. Cette fois, ce 13.07.2013, je visite une institution, reconnue internationalement et localement, le Çiya.

« Çiya » est en réalité constitué par trois établissements, tous présents sur la même rue dont le premier a ouvert en 1987. Deux de ces enseignes sont spécialisées dans les Kebap-Lahmacun, le troisième « Sofra », est plutôt un restaurant de type lokanta, constitué de plats préparés le jour-même, chauds et froids, et servis jusqu'à épuisement.

C'est dans ce dernier établissement que je me suis attablé. Il y a un côté cantine en tout point : les cadre très simple, les tables accumulées sur deux étages, les lumières assez crues, le bruit de la foule essentiellement de locaux se pressant aux tables et devant les buffets chaud et froid où l'on s'agglutine pour remplir son assiette par soi-même ou en pointant le produit du doigt, sans toujours trop savoir ce que l'on choisit.

Mais les ressemblances avec une cantine s'arrêtent ici. Aux commandes des lieux, un certain Musa Dağdeviren, natif de la région de Gaziantep, un homme qui depuis ses 5 ans travaille dans le monde du goût en ayant débuté à cet âge dans une boulangerie. Ayant enchaîné les expériences pour ouvrir un, puis deux, puis trois restaurants, il est aujourd'hui un chef à la renommée internationale et propose dans ses établissements des mets traditionnels, variés et parfumés qui ne peuvent que prouver que la cuisine turque ne se résume pas aux kebabs et baklavas mais jouit d'une extrême richesse et diversité entre les cultures et traditions des différentes cellules de populations qui composent ce grand et beau pays ainsi que des différentes influences des pays alentours.

Que l'expérience Çiya commence. Ma table réservée m'attend avec une assiette remplie d'une Ramazan pide succulente ainsi qu'une seconde assiette présentant deux quartiers de citron, des olives et dattes.Concernant les plats, je serai bien incapable de rentrer dans des commentaires détaillés et exhaustifs, trop, trop de goûts, trop de couleurs, de sensations ! Je tâcherai toutefois d'en donner une idée.


Je suis d'abord mené à un buffet froid, on me remet une assiette et on se sert un peu à l'aveuglette de ce qui nous fait envie (ou alors, comme ce fut mon cas, on se soumet à faire des choix déchirants tout en essayant de mettre un peu de tout dans l'assiette). Le tout est ensuite pesé reporté sur le ticket et on retourne s'installer à table pour déguster ses entrées froides et tenter de trouver ce que l'on a sélectionné. 



Dans mon assiette, des sarma (feuilles de vigne farcies) moelleuses et parfumées, pas acides comme c'est si fréquent ; une pâte de poivrons aux noix épaisse, un rien granuleuse et excellent ; une salade d'aubergine crémeuse à la tomate pour une fois sans yaourt mais de jolies épices, une salade de boulghour superbement parfumé avec un peu de persil plat et une autre salade de boulghour très fraîche, mêlée de yaourt excellent ; une tomate farcie au riz dans laquelle il m'a semblé déceler des raisins secs et pignons, savoureuse ; une salade de feuilles mêlée d'un fromage type feta comme émietté et une superbe salade de romarin très forte en goût mais succulente.




Une fois desservi, on est conduit devant l'étal des mezzés chauds que l'on sélectionne à la portion ou a la demi-portion. Je ne sais toujours pas vraiment ce que je choisis, pointe trois mets du doigt en précisant « yarım porsiyon » (une précision à ne jamais omettre pour ne pas se retrouver avec des assiettes gigantesques sous le nez) et retourne m'asseoir


en quelques minutes je suis servi : d'abord, respectons les traditions avec une soupe. L'Ezogelin Çorbası, une soupe de lentilles et boulghour longuement mijotée et riche en épices, j'adore cette soupe présente en bouche, un poil farineuse et délicieuse. 


Puis l'Eksili Kebap, des boulettes d'agneau haché grillées et mijotées dans une sauce un peu aigre douce aux goûts dominants de tomate et grenade, avec des petits oignons et morceaux de pide ; c'est succulent. 



Enfin le Keskek,une étonnante et délicieuse préparation de poulet émietté, mêlé à du boulghour et oignons et épices douces (principalement cannelle à mon palais), travaillé comme une pâte.


Bon j'ai fini mes assiettes... mais impossible de m'arrêter là ! Un mets m'intriguait particulièrement, une sorte de saucisse baignant dans une sauce tomate... qui avait l'air si peu sexy que j'en avais envie... Le Mumbar. Il s'agit d'une étonnante saucisse de boyaux farcie essentiellement de boulghour et de riz, avec un peu de viande hachée, de l'oignon et une fine présence d'épices. C'est assez mâcheux et surprenant en bouche, moins gras qu'il n'y paraît et très bon, baignant dans une sauce tomate épicée. 


Au passage je teste les Içli köfte, ces boulettes de viande en croûte de boulghour, particulièrement bien travaillés, moelleux et épicés. 


Bon, j'ai plus faim... mais même les desserts sont très intéressants. Et vu que je suis incapable de faire un choix, je demande un assortiment. Malheur à moi quand je vois arriver deux assiettes qui s'avèrent savoureuses !
En vrac : une orange confite excellente, d'étranges et étonnamment succulentes olives confites, une noix confite entière, coque comprise, délicieuse mais intrigante, un sablé dodu à la pistache, peu sucré et riche en parfum de la drupe, nappé d'une crème épaisse (qui est sans doute un lait épaissi) sucrée et parfumée à la cannelle. 



Enfin, un gâteau présentant un feuilletage de filo imbibé de lait dans lequel se promène une belle quantité de noix et de grenade, moelleux, gourmand et peu sucré.


Notons que l'enseigne est sans alcool. J'y ai bu de l'eau deux bouteilles et un jus de baies maison excellent. Je me suis vu offrir en fin de repas un çay et une tisane aux herbes.

Le tout pour 82 TL. Cher pensez-vous ? Dans un certain cens, oui pour ce type d'établissement, mais du fait que j'ai mangé pour trois, on arrive à quelque chose de beaucoup plus raisonnable et dans la norme pour une personne qui ne serait pas un ogre à jeun depuis trois mois.
Pour des portions normales, au vu de la qualité et de la diversité, les tarifs sont même plutôt bas !

Çiya est une expérience à vivre, et sans doute à revivre !

Çiya Sofrası
Caferağa Mh., Güneşli Bahçe Sk No:43
Kadiköy, Istanbul
Région de Marmara, Turquie

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