lundi 3 mars 2014

Le Dun-Huang, Lausanne






Depuis longtemps déjà, avec un autre blogger plutôt peu méconnu en Romandie, le bien nommé « Guérilla Gourmande », nous parlions de nous rencontrer pour un repas. A cette occasion, nous avons choisi, ce 19 février 2014, de manger chinois, dans des envies de tradition et de cuisine bien faite. Le Dun-Huang semblait alors bien choisi. N'hésitez pas à jeter un oeil avide sur son propre regard sur notre repas et, au passage, à tout son blog !

Sis Avenue Pierrefleur, dans des quartiers plutôt résidentiels et pas forcément ce qu'il y a de plus heureux, le Dun-Huang nécessite d'être connu pour que l'on s'enfonce sciemment dans cette rue longue voie sans issue.

A l'extérieur, on reste dans la simplicité. Quelques lampions rouges se contentent d'indiquer les origines du restaurant. Une fois entré, on se rend compte que l'on est dans l'un de ces restos un peu chic : le vestibule d'entrée donne à un vestiaire nous sommes accueillis dans un français parfait par un personnel très professionnel et agréable, qui nous débarrassera et nous présentera notre table.


On dépasse un joli aquarium, on traverse une puis deux imitations de portes traditionnelle pour atterrir dans une salle aux murs noirs habités de petites figurines dorées, idem pour le plafond, surligné de notes rouges. En salle, essentiellement des tables rondes élégamment dressées avec un porte-plat tournant en leur centre. 




On nous propose un apéritif qui sera composé d'une bière Tsingtao et d'un « petit cocktail maison ». On consulte la carte pendant ce temps, tout en grignotant les habituelles chips de crevette. Une carte un peu différentes des sempiternels 6 ingrédients de base (boeuf, canard, poulet, porc, agneau, crevette) tout servis à 7 sauces différentes offrant 42 plats à la carte triés par prix selon l'ingrédient de base.
Ici, c'est plus soigné, moins exhaustif, avec des mets moins fréquents voir inconnus en contrée lausannoise dans des prix certes plus élevés mais qui les vaudraient bien si les plats sont biens préparés.

Puisque le bonheur d'être a plusieurs à table va de paire avec le partage, ce sera trois entrées et trois plats que l'on se partagera. Passons aux choses sérieuses !

En matière d'entrée, nous avons sélectionné les trois types de raviolis proposés à la carte, deux vapeur, un rôti, tous servis par 4 pièces.

Commençons par les raviolis vapeurs.



 Réunis dans un même panier en bambou à deux étages, nous avons d'abord les « Raviolis aux crevettes à la vapeur ». J'ai toujours trouvé ce type de ravioli très délicat, dans cette pâte pâle, fine et sensiblement collante, un peu translucide et apparemment faite maison dans notre cas, d'une saveur qui, sans pouvoir en déterminer réellement le goût, lui est propre. Le façonnage est parfait et la farce est charnue et très fraîche, gourmande et légère. Bref, un plaisir.


A l'étage du dessous, cela sera les « 'Siu-mai' au porc à la vapeur » : ceux-ci se présentent comme des petites bourses ouvertes, la pâte plus colorée, épaisse et offrant plus de mâche. Les ravioles débordent d'une préparation de porc et crevette ; le porc est finement haché tandis que la crevette semble avoir préservé plus de son apparence d'autrefois, offrant un mélange de texture assez particulier : très proche de la chair à saucisse avec ces morceaux de crevette donnant le côté « gras » et « rond » de mâche et de saveurs. Si on fait fi de cette sensation, la raviole est fort bonne, dans des saveurs plus corsées que le précédent. J'avouerai que des trois raviolis différents, c'est peut-être celui qui m'a le moins transcendé, malgré son indéniable qualité.


Aux côtés du panier vapeur, une jolie assiette nous est présentée, sur laquelle se dresse quatre copieux raviolis grillés des deux côtés. La farce est ici pur porc et est des meilleurs goûts. La texture est bien entendu plus ferme et les saveurs plus franches de par la cuisson plus agressives. En résulte un produit des plus satisfaisants et agréablement accompagné de petits légumes finement émincés et de fines tranches d'orange. Notons la charmante mise en situation de l'assiette, dont le contenu semble caché dans une forêt de persil au centre de laquelle se dresse une pagode de carotte.


Ces trois raviolis sont servis avec une sauce dont la saveur première est le sésame, mais avec des arrières saveurs tomatées et légèrement épicées. Sauce plutôt plaisante et à nouveau apparemment maison.


Place aux plats ! Tous sont servis sur réchaud. Nous avons décidé de prendre deux plats des plus fréquents mais quasi toujours différemment préparés. Le premier est le « Boeuf croustillant ». Ce n'est probablement pas le plus croustillant qu'il m'ait été donné de déguster, certes, mais il figure sans doute parmi les meilleurs. On sent la saveur et la texture de la viande (ce qui est déjà suffisamment rare pour être signalé) et l'ensemble n'est pas trop sucré. Le tout est sauté avec de l'oignon et un peu de carotte et généreusement saupoudré de sésame. Un petit côté frais est amené avec les crudités finement émincés et joliment dressés. Seul élément chagrinant dans cette assiette : si l'idée de la fleur de légume est toujours charmante, cette de la tailler dans une patate crue est un peu plus... hum.... étrange... Enfin, j'dis ça, j'dis rien !


Autre incontournable, le « Canard rôti laqué ». C'est presque un plat test pour voir si un restaurant a un « petit quelque chose en plus ». En soi, sachant sous quelle forme le canard arrive généralement dans les cuisines d'un chef, ce n'est pas vraiment un mets que je prends souvent, non vraiment plus pour le conditionnement que pour le fait que le plat est presque tout prêt tel quel. Le succès du plat repose donc dans une recuisson qui ne doit pas assécher la chair et la sauce.
La chair est correcte et le goût frais et bon, sucré, la peau bien dorée. La sauce (genre hoi sin) n'est pas l'habituelle masse sirupeuse mais une sauce manifestement maison, assez poivrée, aux goûts plus complexes et structurés que celui simple de sirop de glucose. Le plat a donc bien satisfait !


Mais enfin un peu d’innovation. On va dire que j'apprécie les chinois qui proposent « quelque chose d'autre ». Même si c'est parfois bizarre, inconventionnel, surprenant ou autre, j'aime voir d'autres plats à la carte. Admettons que, bien que cela ait son charme, les chinois proposant du poulet à 14.-, du porc à 15, de l'agneau à 17 et du boeuf et du canard à 18... le tout avec toutes les sauces en pot trouvées à l'asian shop du coin, cela commence à lasser.
Pour le coup, découverte d'une spécialité de la maison, les « Crevettes au riz fumé ». Dans un joli pot en terre cuite arrive une riche portion de riz « fumé » qui semble être comme pris en galette croustillante. Le serveur arrive avec une grande casserole riche d'une sauce douce-acidulée de tomate, oignons, petits légumes, légèrement relevée et richement garnie de grosses crevettes bien moelleuses. Cette composition riche en saveurs est déversée dans le plat qui sera ensuite recouvert pour « nourrir » le riz.



J'ai trouvé cela délicieux, le riz a un petit goût (que je n'aurais pas su pointer comme « fumé ») et on regrettera peut-être juste de ne pas avoir conservé un brin de croustillant dans le riz tant il était gorgé de sauce, certes délicieuse, mais peut-être en trop grande quantité.




Pour accompagner cela, deux bols de riz nature bien cuit, moelleux et bien parfumé.



Et pour conclure, les serviettes chaudes, toujours agréable !

Côté boissons, passé le « petit cocktail maison » (aux habituelles saveurs de fruit, alcoolisé au campari, son litchi et son ombrelle), et une Tsingtao, ce sera trois thés, un vert, un jasmin et un Oolong, un thé que j'adore et qui a un potentiel qualitatif énorme que l'on ne trouve que trop peu souvent.

Côté service, rien a reprocher. Les serveurs sont de belle tenue, s'expriment parfaitement en français et font preuve d'une grande attention auprès du client.

Que dire donc du Dun-Huang ? On est clairement dans un chinois de gamme supérieur à la moyenne fréquemment rencontrée dans nos régions. Que ce soit par le cadre propre et raffiné, le service sophistiqué et les assiettes fort bien réalisées, on est dans un établissement qui propose autre chose, parfois résidant un de petits riens qui font le plus.

Qui plus est, les prix restent sages. Plein tarif, nous en aurions eu pour 168 CHF, également supérieur à la moyenne des chinois du coin mais pas excessif. Avec le Passeport Gourmand, il ne faut donc pas bouder son plaisir car c'est pour 113 CHF que nous nous en sommes sortis, à savoir avec un 40% pratiqué sur les plats commandés pour trois personnes.

S'il faut un bref mot de conclusion, pour éviter la redondance, le Dun-Huang est un restaurant chinois plus haut de gamme que la norme, proposant une cuisine soignée et traditionnelle dans une ambiance feutrée. Les amateurs sauront être satisfaits !

Avenue Pierrefleur 40
1004 Lausanne
Vaud, Suisse

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